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éditorial du nº 1595

Le jeudi 13 mai 2010.

Il y a quelque temps, on nous avait fait le coup de la crise mondiale. Venue des États-Unis, ça embrasait toutes les Bourses du monde. Fallait se serrer la ceinture, mettre la pédale douce au niveau des revendications sociales, une sorte de solidarité à la manière tordue. Maintenant on reste au niveau européen et c’est quasiment une déclaration de guerre sociale. Nos chers dirigeants remettent à l’ordre du jour l’austérité et on peut dire avec facétie qu’ils veulent mettre la France au régime grec. Ce qui veut dire, en clair, le gel des dépenses de l’État pour trois ans. D’autant que le Fonds monétaire international entend dicter aux Hellènes la marche à suivre pour cravacher le processus de la casse sociale. Pour exemple, dans le « mémorandum d’accord sur le plan d’aide à la Grèce », il est stipulé que l’augmentation des dépenses publiques liées aux retraites ne pourra excéder 2,5 % du PIB avant 2060 ! Voilà du grain à moudre pour la contestation à Athènes et ailleurs. De toute façon, pour le gouvernement français, c’est une aubaine, une justification pour une cure d’austérité et faire passer à la trappe le front syndical plus que chaotique dans la défense des retraites. L’union sacrée dans les relations sociales pour ne pas « embêter » les aspirations présidentielles de Dominique Strauss-Kahn – ça pourrait être le titre d’un nouveau feuilleton. Bon, tout ça fait la une de pas mal de quotidiens et de magazines. Par contre, silence complet sur les luttes dans l’automobile, par exemple à Goodyear à Amiens où des licenciements sont « à l’étude ». Qui a vraiment été informé sur les luttes des « Écureuils en colère » de l’Ile-de-France ? Il s’agit des employés des caisses d’épargne, qui réclament une prime égalitaire de 3 000 euros, revendication portée par l’intersyndicale Sud, CGT et Unsa. Autre lutte passée sous silence, celle des professionnels de la petite enfance. Nous avons parlé dans Le Monde libertaire des camarades de People and Baby, syndiqués à la CNT. Là, un mouvement, des journées d’action sont à l’ordre du jour. Un collectif, « Pas de bébé à la consigne », des slogans, « Halte à l’élevage en batterie, nos enfants ne sont pas des poulets », mais tout ça saura-t-il rebondir avant la trêve estivale ? Selon un rapport de l’Unicef, la France est en troisième position derrière la Suède et l’Islande, mais pour combien de temps ? Bref, au niveau social et revendicatif c’est un peu tiède. La désunion syndicale commence à rentrer tristement dans les mœurs, l’union dans les luttes semble appartenir au passé. Il faut chercher l’espoir ailleurs !