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éditorial du nº 1218

Le jeudi 26 octobre 2000.

La sécurité ? Il paraît que c’est une préoccupation essentielle des gens comme vous et moi. Pourtant, l’actualité nous invite à douter, pour le moins, des conditions de sécurité que nous assure notre bon vieux système policé et « vidéosurveillant ».

Sur le dossier de la vache folle, on pourrait croire en effet que toutes les précautions sont prises en matière de Santé publique : fut un temps où l’embargo sur la viande bovine britannique était censé nous protéger du fléau , des mesures ont été prises pour interdire la présence de farines animales dans l’alimentation des bestiaux, la presse ne manque pas de nous informer de chaque nouveau cas de vache folle…

Et pourtant, le problème prend des tournures inquiétantes. Ainsi, on apprend que la DGCCRF (Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes) a toléré la présence de farines animales dans les aliments fabriqués pour le bétail, jusqu’à 0,3 %. Cela malgré l’interdiction qui en est faite depuis 1990.

Au même moment, un vaccin britannique antipoliomyélitique est retiré de la vente. Il est fabriqué à partir de tissus bovins (pratique interdite par une réglementation européenne depuis 1999) et présente des risques de contamination de la forme humaine de la maladie. Entre temps, des centaines de milliers de personnes ont été vaccinées dans le monde entier. Et la presse de nous rabâcher que le vaccin n’a pas été distribué en France. Ouf ! Nous voilà rassurés !?

En Grande-Bretagne, 75 personnes sont officiellement mortes de la forme humaine de la maladie de la vache folle et sept personnes présenteraient les symptômes de la maladie. En France, des cas mortels semblent avoir été détectés mais la presse conserve un silence farouche.

Et s’il fallait prouver que le laxisme en matière de contrôle fait bonne alliance avec les « impératifs » de bénéfices, voilà qui est fait. Carrefour a en effet commercialisé une tonne de viande bovine entre le 9 et le 20 octobre, issue d’un troupeau dans lequel un cas de vache folle aurait été détecté. La magouille serait le fait d’un négociant exploitant… Et on peut légitimement se demander : pour un cas officiel, combien sont passés sous silence ? Ce qui apparaît donc en matière de « sécurité » alimentaire, c’est que les réactions du gouvernement — tout autant que les moyens attribués — sont bien moins promptes que lorsqu’il s’agit d’ouvrir de nouveaux commissariats, d’allouer des budgets plus importants pour recruter des matons, construire des prisons, installer des caméras dans les rues… la liste pourrait être longue.