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éditorial du nº 1211

Le jeudi 22 juin 2000.

La « refondation sociale » du MEDEF constitue une menace sans précédent pour les salariés et c’est bien un des paradoxes de notre temps que de constater qu’il n’y a pas de mobilisation sociale à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés. À peine quelques centaines de chômeurs ont manifesté à l’appel de la CGT à Paris et quelques dizaines seulement dans d’autres villes, à l’initiative de différents collectifs. La grande masse des salariés est passée à côté de l’événement.

Le MEDEF veut passer en force parce qu’il sait que le mouvement social est au plus faible et qu’il est peu probable qu’une riposte d’envergure s’organise dans l’instant. Malgré cela, le MEDEF, associé à la CFDT et à la CFTC, aura du mal à imposer sa loi tant auprès des autres syndicats qu’auprès du gouvernement pluriel avec lequel il est en conflit ouvert.

A contrario, c’est justement l’incapacité de prévoir la réaction des salariés qui poussent l’État, FO et CGC à la prudence. Le syndrome de 1995 est dans toutes les mémoires.

Personne n’a oublié que la réforme de Juppé a été validée par toutes les institutions avant que la rue ne réagisse. La gauche ne peut pas se payer le luxe d’un tel camouflet alors que la droite pourra toujours dénoncer la faiblesse du gouvernement face à la racaille de la rue.

Comme quoi la seule menace de luttes sociales à un impact. Nous autres salariés ne sommes donc pas si faibles et négligeables que cela. Si nous avions un peu d’audace et d’initiative le monde en serait changé. Car quel que soit leurs divergences, syndicats, patronat et État restent d’accord pour maintenir en place un système d’inégalités économiques. À nous donc d’imposer la justice sociale, ce qui n’a rien à voir avec l’équité, et d’organiser la répartition selon les nécessités de chacun.

Pour commencer et pour ne pas céder au chantage du MEDEF il faut le prendre au mot : qu’il se tire de l’UNEDIC.

Restera encore deux chantiers à mener à terme. Le premier est d’expliquer que l’État n’est qu’un mécanisme travaillant à perpétuer la domination de classe et que l’entraide sociale est du seul ressort des salariés. Face à nous-mêmes et en toute autonomie, nous pourrons alors nous interroger sur les pratiques des bureaucraties syndicales. Y a du boulot. Mais poser les problèmes, c’est déjà créer les conditions de les résoudre un jour.