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éditorial du nº 1204

Le jeudi 4 mai 2000.

30 000 élèves participent dans les collèges, lycées ou établissements supérieurs à un jeu-concours des banques CIC pour devenir de « jeunes Golden boys (ou girls) en puissance ». Loin des débats confus entre tenants d’une école des « savoirs » et défenseurs de la « pédagogie », on rentre ici de plain-pied dans l’école du libéralisme. De son côté l’État, avec un nouveau projet de loi sur la formation continue veut permettre aux entreprises de délivrer des diplômes, accentuant ainsi les possibilités de pression sur les travailleurs. Faute d’un salaire décent, ils pourront toujours espérer alimenter leur « carte de compétences » et jouer leur maigre pécule en bourse, au risque de tout perdre.

Force est de constater que face à la lame de fond qui prépare le terrain à la privatisation du système éducatif, le léger recul du nouveau ministre par rapport aux projets de son prédécesseur semble bien dérisoire. Après Allègre et ses gros sabots, voici Lang le mielleux, qui comme en 1992 après l’échec de Jospin, vient jouer les pompiers de service et calmer le jeu à moindres frais. La méthode reste la même : temporiser… Déjà les principaux syndicats viennent lui manger dans la main et lui accordent un satisfecit alors que l’essentiel des revendications du mouvement reste lettre morte. Cela n’empêche pas de nouveaux chantres de la réforme de se trouver des vocations. Si Allègre avait su mettre dans sa poche un Mérieu qui a servi de caution à sa politique de merde, voici que pointe son nez un Gabriel Cohn-Bendit, patron de « lycée autogéré », qui espère bien devenir le nouveau relais « pédagogiste » du gouvernement. Et les grandes idées creuses fusent : « conseil de l’innovation et de l’expérimentation », « établissements pionniers » dans les banlieues…

Mais les parents, élèves et enseignants du Gard qui ont constitué le cœur de la lutte contre les projets gouvernementaux ne sont évidemment pas dupes. Une nouvelle manifestation est aussi prévue le 13 mai à Montpellier pour rappeler les revendications de titularisation des personnels précaires et de création de poste, pour l’instant non satisfaites.

Ce n’est pourtant pas la pauvreté des projets de la base ou leur « conservatisme », qui a mis les grévistes à la merci d’un changement de ministre. Ici se révèlent pleinement les effets pervers d’une représentativité syndicale centralisée, qu’il faudra bien un jour dépasser.