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« Rwanda, un génocide français » Medhi Ba

Le jeudi 29 janvier 1998.

La plupart des médias et des politiciens, ainsi que certains universitaires, on fourni une explication simple du génocide rwandais de 1994 : il ne serait qu’un épisode supplémentaire d’une guerre ethnique opposant Hutus et Tutsis depuis la nuit des temps. Cette explication simpliste, qui trouve ses racines dans le mépris et la méconnaissance d’un peuple, n’est que l’écho de la logique de raisonnement des génocideurs… le racisme à fleur de plume.

Pour sortir de la confusion et de l’orchestration de la désinformation dans laquelle nous avons été plongés dès le début des faits, Dominique Franche établit un méthodique travail de déconstruction de cette logique de pensée ethniste, en en montrant les tenants et les aboutissants : « l’analyse rigoureuse de la duplicité des gouvernements occidentaux et de l’attitude des églises permet de comprendre cette guerre civile qui manipule les masses en les divisant en communautés de la peur ».

De puis la colonisation, allemande puis belge (sous laquelle les missionnaires « pères blancs » furent les véritables importateurs de la logique raciste), le vieux dicton « diviser pour régner » fit école chez les élites rwandaises… imposée à une société différente qu’ils ne cherchèrent pas à comprendre la simple rivalité « Hutus-Tutsis » reproduit en Afrique le schéma qui en Europe fit des Aryens la « race supérieure ». Elle débouchera sur le « quatrième génocide de l’histoire ».

À l’idéologie va se greffer le rôle de l’État français dans l’efficacité d’un massacre qui, d’avril à juillet 1994 fit près d’un million de morts. Politique du pré-carré africain oblige.
Très documenté et volontairement subversif, Medhi Ba dépeint l’implication française au Rwanda : soutien au dictateur Habyarimana (dont la mort le 6 avril 1994 déclencha, ou servit de « déclencheur » au génocide), vente d’armes pendant les faits, conseils militaires… Tout cela sous la couverture d’une opération humanitaire (Turquoise) dont la vraie couleur fut celle du sang. Et de nous rappeler qu’encore bon nombre de ces « nazis africains » coulent de paisibles jours dans des « pays frères » de la patrie des droits de l’homme, comme le Cameroun…

Alors que le tribunal pénal international pour le Rwanda patauge dans une prévisible apathie, ces deux ouvrages petits et pas chers sont à lire absolument. Ils nous livrent un Rwanda hors des sentiers battus de la manipulation de l’information.

Xavier. — groupe Durruti (Lyon)


Éditions L’Esprit frappeur, 10 FF.