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éditorial du nº 1779

Le dimanche 15 mai 2016.

8 mois ! C’est la durée de l’État d’urgence. On a connu des hivers moins longs, vivement le printemps !

Pendant ce temps-là, sous le drapeau, les flics s’équipent pour la guerre et portent leur arme de service à domicile. Des fois qu’ils auraient envie de ramener du travail à la maison. Ça, c’est de la conscience professionnelle. Prenez-en de la graine, feignasses grévistes !

Si le projet de loi Travail peut être vu comme l’étincelle ayant fait déborder le vase déjà plein d’inégalités en tout genre, de la question des migrants, du racisme… ne nous y trompons pas, le bruit qui gronde n’entend pas simplement négocier la longueur des chaînes.

Du côté de l’État, on s’agite, on s’affole, on s’équipe, on commande des stocks hallucinants de munitions pour les quatre prochaines années.

C’est ambitieux ; vous avez interdit, contrôlé, perquisitionné, assigné, réprimé, mutilé, assassiné sans crainte, nous ne vous laisserons pas ces quatre ans. Faites-nous des vacances, allez plutôt vous faire un squash avec vos Flashball. Le dernier voyant a perdu.

Si l’idée de révolution pouvait, il n’y a pas si longtemps encore, faire sourire, elle se fait chaque jour plus nécessaire. Quel que soit le sens qu’on lui donne, c’est indéniablement une idée qui fait son chemin. En témoignent les actuelles peintures rupestres aéroprojetées, les rassemblements spontanés, les débats et les mobilisations qui se radicalisent.

En témoigne aussi l’évolution du discours de celles et ceux qui, hier encore, suivant l’injonction médiatique à la non-violence hypocrite, voulaient à tout prix faire la différence entre "bons" et "mauvais" manifestant.e.s, et qui aujourd’hui, après s’être pris les mêmes coups de tonfas et les mêmes gaz, se promettent de ne plus tomber dans le piège. Alors, nous aussi on s’équipe, on s’agite, on occupe. Bien décidé.e.s à ne pas laisser l’espace aux tenants du couvre-feu ou aux services d’ordre trop zélés.

Quand on parle de révolution, les sourires laissent aujourd’hui souvent place aux mines songeuses et en colère, décidées à ne pas laisser la révolution aux historiens.

La révolution, avec qui ? Pourquoi ? Comment ? C’est ces interrogations que pose ce mois Le Monde Libertaire.

Le CRML