Il aura fallu les résultats négatifs de la gauche aux dernières élections cantonales pour redonner la mémoire à Mitterrand et à l’ensemble de la gauche sur le droit de vote jusqu’ici rejeté dans les oubliettes des promesses électorales. Il semble que la municipalité de Mons-en-Barœul a été choisie pour l’expérimentation du droit de vote aux municipales. En effet, le maire socialiste de Mons, en écho à Mitterrand, a convoqué une réunion du conseil municipal qui a octroyé le droit de vote aux immigrés. Ainsi, les immigrés y ont le droit d’élire trois délégués dont un pour la communauté algérienne, un pour la communauté marocaine, un pour la communauté d’Afrique noire et les autres communautés immigrées habitant la municipalité [1].
Mise à part les dessous électoralistes de cette mesure, il y a le fait que ces délégués ne peu-vent avoir de voix délibératives et qu’ils n’ont qu’une voix consultative. Dès lors, il apparait que la campagne de gauche actuelle sur le droit de vote des immigrés n’est qu’une nouvelle fraude montée de toutes pièces dans le but de redorer le blason terni des socialistes. Les immigrés n’exigent pas le droit de vote pour le droit de vote en tant que tel. Ils l’exigent en tant que minorités nationales auxquelles ce statut confère le droit légitime d’influer et de participer à toutes les décisions politiques, économiques, sociales et culturelles qui régissent leur vie quotidienne. Les immigrés n’ont que faire d’une prétendue représentation dans des conseils municipaux qui ne leur permettrait pas de décider activement de leur sort et ferait d’eux de simples figurants. Il est impératif de démasquer cette mascarade de représentation qu’est le prétendu droit de vote aux immigrés sans voix délibérative à Mons-en-Barœul et partout ailleurs.
Il est vital de démasquer les buts électoralistes des gouvernants socialistes qui délibérément vident de tout leur contenu véritable les revendications partielles de l’immigration. La limitation arbitraire à trois élus immigrés à Mons est antidémocratique et s’oppose à la représentation démocratique proportionnelle des immigrés selon leur nombre dans les municipalités. En outre, la définition de la représentation des immigrés selon les critères de nationalité (algérienne, marocaines, etc.) est une politique chauvine de division des travailleurs sur des bases nationales. Il nous faut rejeter cela et exiger des élections libres et démocratiques scrutin secret. Dans cette sale besogne, le maire socialiste de Mons est allé jusqu’au point de réserver la représentation des Algériens exclusivement à l’Amicale des Algériens. Cela veut dire choisir les élus algériens avant même qu’ils ne soient élus. Le droit de vote d’aujourd’hui — après quatre ans d’oubli ! —nous remet en mémoire la pré-tendue « régularisation » des sans-papiers il y a deux ans. Selon les gouvernants eux-mêmes, il s’agissait de quelques 300 000 « irréguliers ». Mais qu’a-t-on fait des 200 000 restants ? Il ne fait pas de doute que la vague d’expulsion déclenchée ces temps derniers montre que la campagne de « régularisation » d’hier était un piège pour ficher lesdits « sans-papiers » qui sont aujourd’hui victimes d’expulsions expéditives.
Voilà ce qui se cache derrière les phrases ronflantes du pouvoir sur le racisme, le droit de vote et ses belles promesses. C’est pourquoi dans le cas de Mons, les immigrés doivent riposter en exigeant des élections véritablement démocratiques ; et que leurs élus aient un réel pou-voir décisionnel afin que le droit de vote puisse servir réellement la cause des immigrés, point de départ de la lutte pour le droit de vote à toutes les élections sur la base du droit à la double nationalité à tous les immigré(e)s, sans assimilation ni perte d’identité [2].
Coordination des immigré(e)s de Lille