Accueil > Archives > 1985 (nº 556 à 599) > .584 (12 sept. 1985) > [Mesures d’expulsion contre les immigrés]

Mesures d’expulsion contre les immigrés

Le jeudi 12 septembre 1985.

Buchenwald, Auschwitz ? À la gare d’un camp d’extermination entre 1940 et 1945. Des juifs déportés sortant des wagons à bestiaux, parmi eux une femme est ses deux enfants. Un officier SS la repère et lui donne à choisir entre le garçon et la fille, celle ou celui qui restera avec elle et celle ou celui qui va lui être arraché et qu’elle ne reverra plus…

C’est à scène cinématographique que j’ai pensé en lisant, stupéfait, un article du Quotidien de Paris. Celui-ci nous informait que les adolescents de seize ans, enfants d’immigrés, qui seraient arrivés sur le territoire après leur dix ans, devraient partir subir une visite médicale dans leurs pays d’origine. Ici la journaliste du Quotidien, journal d’opposition, en retranscrivant la dénonciation du GISTI (Groupe d’information et de soutien des travailleurs immigrés) ne nous laisse aucune illusion : les jeunes immigrés qui partiront pour cette visite médicale n’auront aucune chance d’en revenir. En effet, les parents seront contraints de suivre une procédure ultra complexe, dite « d’introduction », pour aboutir au retour de leurs enfants.

On retrouve là une sournoiserie et une hypocrisie spécifiques aux socialistes qui jouent à merveille leur rôle d’humanistes dans la société du spectacle et assument, à côté, froidement leur tâche de gouvernants. Les adolescents serviront d’otages pour faire repartir leurs parents au même titre que les conjoints interdits de regroupement familial. Les dirigeants ont trouvé des arguments moins coûteux et plus efficaces que la « brique » réservée aux immigrés qui s’auto-expulsaient.

Ce n’est pas une loi, c’est un décret, celui du 4 décembre 1984, qui va ainsi arracher des dizaines de milliers de ces enfants « teenagers » basanés à leurs familles. Jusqu’ici étaient automatiquement régularisés à seize ans s’ils avaient effectué au moins deux ans de scolarité et si leurs parents travaillaient ; aujourd’hui, en se rendant à la préfecture avec ses parents pour obtenir comme de normale son titre de séjour, le jeune immigré va apprendre qu’il n’a en fait plus que quinze jours pour rentrer au pays natal.

Quel prochain décret nous réserve la monarchie socialiste ? Quelle sera la prochaine four-née ? Un Monde libertaire d’octobre 1984, lors de l’interdiction du regroupement familial, titrait « Les salauds ! » en parlant du gouvernement. Aujourd’hui, en plus on construit des camps de déportation (rétention ?), on expulse les petits délinquants une fois leur peine effectuée et des mineurs… « Les salauds ! », c’est un doux euphémisme pour eux ; c’est « Les ordures » qui leur convient le mieux.

Que ceux qui gardent encore quelque chose de cette sorte de complexe d’Œdipe pour Mitterrand ou le Parti socialiste atterrissent enfin : Tonton n’a jamais existé I Mais qu’ils ne se réveillent pas du rêve de la gauche, avec ou sans faute d’orthographe, pour se réendormir dans le cauchemar de la désillusion passive, de la frustration, du refoulement, de l’apolitisme, en un mot dans la collaboration ! Réveillons-nous ! Empêchons par tous les moyens les expulsions, dénonçons-en sans remords les responsables, crions leur comme Léon Blum râlant contre les fascistes français : « Je vous hais ! ».

Alain
Gr. de Lille