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Il s’appelait Jacques Doubinsky

avril 1959.

« Pourquoi faire du bruit pour une vie qui s’en va ?

Ne déranger pas les copains, ils ont trop de choses à réaliser, et ils ne doivent pas perdre de temps en visites inutiles. »

Ainsi s’exprimait Jacques Doubinsky pendant la longue période de sa supposée convalescence et qui était son agonie à l’hôpital Tenon.

« Que ma dépouille soit incinérée sans cortège ni fleurs ; ni discours. La vie d’un militant est austère, exempte de douceurs. La mort est une issue naturelle qui ne réclame ni ostantation ni larmes. »

Ses cendres reposent au Père-Lachaise auprès de celles de Nestor Makhno que Doubinsky connut au cours de sa vie et de son action militante. Tous deux firent leurs premières armes dans l’Ukraine d’où ils étaient natifs.

Déjà très jeune, il connut les injustes violences de la vie. Fils de Juif, il naquit dans la révolution sociale. Très jeune, il participa à l’action syndicale.

Persécuté et obligé de fuir de Bulgarie, il traversa l’Europe en étapes douloureuses qui le conduisent jusqu’à Paris en 1924.

Doubinsky fut un des animateurs du Comité d’aide aux Bulgares, fondé en 1947 qui permit de sauver un grand nombre de camarades arrachés aux geôles staliniennes.

Il ne fut pas un virtuose de la plume, mais il se manifesta comme collaborateur et animateur de plusieurs publications.

Il créa également le groupe des « Amis de Voline » et fit éditer La Révolution inconnue.

Il y a deux ans, Doubinsky fit un voyage aux USA, invité par les émigrés russes et juifs, et trouva l’occasion de visiter Rocker et de nous apporter presque son dernier message. Rocker a précédé de peu Doubinsky dans la tombe.

Son but était la concorde et la compréhension de tous par-dessus tout.

On se souviendra de lui en tant qu’homme probe et donnant l’exemple.

I.G. [Ildefonso González]