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NoBorder

Avec les parquets pas vernis, on fait du petit bois

Le jeudi 6 mars 2003.

15 jours avec sursis pour les 17 occupant(e)s du ministère de la Justice à Strasbourg



6 février 2003, Cour d’appel de Colmar, les six heures d’audience révèlent une sinistre comédie : les témoins à charge et la partie civile apporteront les preuves que non seulement les employé(e)s de l’annexe du ministère de la Justice de Strasbourg n’ont pas été séquestré(e)s, mais que ce sont les forces de l’ordre qui ont bloqué de l’extérieur toute sortie du bâtiment. La partie civile précise l’avoir déclaré aux policiers, qui ont sans doute dû oublier « par mégarde » de le notifier dans le procès verbal. Impossible de conclure à la séquestration.

Jusqu’au-boutiste, le parquet saucissonne le chef d’inculpation, abandonne la séquestration et se rabat lâchement sur l’accusation connexe de violation de domicile au prétexte que le nombre fait la contrainte. Pourtant vous aviez sonné. On vous a ouvert. Vous êtes entré(e)s.

Verdict trois semaines après, le 27 février 2003 : quinze jours de prison avec sursis pour violation de domicile. Le juge vous lance un avertissement : « vous avez intérêt à vous tenir à carreau pendant cinq ans ». Telle est la réponse au souhait émis par le parquet lors du procès : « Il faut mettre un coup d’arrêt à ces occupations sauvages qui sans cela se multiplieraient ». C’est la pratique même de l’occupation comme forme de lutte concrète qui est évidemment visée.

Par rapport aux réquisitions de première instance, ce jugement est un aveu d’échec de la machine judiciaire, obtenu, outre la faiblesse de l’accusation elle-même, grâce à l’organisation d’une défense collective de tou(te)s les inculpé(e)s et à la mobilisation de ceux et de celles qui ont occupé, occupent toujours et occuperont encore longtemps (en particulier les collectifs autonomes de sans-papiers). Il reste cependant que malgré le caractère dit « symbolique » de la peine, à travers ce jugement, l’occupation peut devenir désormais un délit. Cela ne concerne pas seulement les 17, pas seulement No Border, pas seulement les militant(e)s. C’est une atteinte, une de plus, aux pratiques de lutte qui sortent des cadres institutionnels de contestation. À quand la pénalisation des manifestations ?

La chasse aux terroristes est un prétexte très pratique pour discréditer et réprimer toute contestation.

Nous n’acceptons pas cette intolérable mise en scène : sous couvert d’une prétendue indulgence, le verdict est une grave atteinte aux libertés publiques. Nous examinons donc la possibilité de nous pourvoir en cassation.

Trois personnes passent en procès le 20 mars et risquent une lourde condamnation pour justifier les violences policières qu’elles ont subies devant notre occupation. Le verdict d’ores et déjà obtenu dans ce montage procé(or)durier ridicule discrédite explicitement toute velléité punitive à leur encontre.

Nous ne nous laisserons pas terroriser. Nous exigeons la relaxe de tou(te)s les inculpé(e)s pendant et suite au campement No Border.

Les 17 occupants et le collectif de soutien aux inculpés NoBorder