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Lille

Procès de la solidarité avec les sans-papiers

Le jeudi 12 octobre 2000.

Deuxième procès à Lille en cette rentrée 2000 : Stéphane, militant du Centre culturel libertaire comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Lille mardi 17 octobre à 14 heures pour outrage à agent de police.

Rappelons brièvement l’affaire : Stéphane a été arrêté lors d’un des rassemblements quotidiens autour de la Bourse du Travail, alors occupée par les forces de police et où étaient toujours réfugiés quelques sans papiers et soutiens des sans-papiers. Rappelons que ces événements se déroulaient lors de la 9e grève de la faim de sans-papiers à Lille en quatre ans, après quatre interventions policières sur la Bourse du Travail où se déroulait la grève de la faim et après la dispersion des grévistes dans quatre hôpitaux de l’agglomération. C’était après une campagne de presse intense qui alla même jusqu’à présenter le Comité des sans-papiers comme une filière d’immigration clandestine (calomnie fascisante reprise dans un communiqué de la mairie de Lille) et leurs soutiens comme des criminel-le-s poussant les sans-papiers à la mort. Une procédure judiciaire pour non assistance à personne en danger avait d’ailleurs été lancée à la demande de la préfecture. Un autre manifestant avait été arrêté lors de la dernière évacuation policière de la Bourse du Travail, la plus violente. Il a été condamné début juillet à 800F d’amende pour violence et rébellion.

Stéphane avait donc été interpellé lors d’un de ces rassemblements quotidiens devant les barrières du blocus policier de la Bourse du Travail. Comme tous ceux qui l’avaient précédé et qui l’ont suivi, cet attroupement était parfaitement pacifique. Mais c’était compter sans l’énervement policier dû à la confrontation permanente avce les manifestant-e-s (être enfermé depuis une semaine avec des gauchistes et des immigrés !). Les CRS entreprirent de repousser les manifestant-e-s, avec force injures et coups de matraques. C’est au cours de cet assaut que Stéphane a été violemment interpellé, matraqué et emmené vers le commissariat central. Il en est ressorti plusieurs heures plus tard avec de nombreux hématomes, une douleur persistante à la cuisse et une inculpation pour outrage.

Beaucoup de promesses, peu de résultats

Ce seront donc ces faits, la solidarité de Stéphane et des autres manifestant-e-s avec les grévistes de la faim et le soutien à la lutte pour la régularisation globale qui passeront en procès mardi 17 octobre à Lille.

Depuis cette grève de la faim, les sans-papiers lillois sont dans une position d’attente : pour cesser leur mouvement, ils et elles avaient obtenu des promesses de régularisation des grévistes de la faim. Celles-ci devaient intervenir avant la mi-octobre. 7 grévistes sur 26 avaient déjà été régularisé-e-s durant le mouvement ; trois autres (ainsi que quelques autres personnes) ont été régularisées lors des rencontres à nouveau mensuelles entre le Comité des sans-papiers et la préfecture du Nord. C’est maigre. D’autre part, depuis son expulsion de son local de lutte en novembre de l’an dernier, le comité est hébergé de manière précaire, et surtout temporaire, dans un petit local de la JOC. Mairie, syndicats, associations et églises s’étaient engagées à lui trouver un nouveau local. En presque un an, rien n’a encore bougé. Une situation qui ne pourra plus durer éternellement. Petit à petit, en oubliant de répondre aux revendications des sans-papiers, les autorités locales sont en train à nouveau de les obliger à reprendre leur mobilisation.

Bertrand Dekoninck. — groupe FA de la Métropole Lilloise


Vous pourrez trouver d’autres infos et une excellente interview d’une sans-papier lilloise sur le site de L’Interdit : www.interdits.net