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« Nice baie d’aisance »

Serge Livrozet
Le jeudi 13 novembre 1997.

Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, vu par Serge Livrozet, pourraît être un militant de base, s’il ne consacrait pas sa vie à l’aventure. Ses réflexions sont parfois très politiques : « La France aime bien les Arabes à condition qu’ils se pointent en touristes au Carlton, qu’ils décrochent une médaille ou qu’ils se déguisent en harkis. » Il évoque l’extrême droite à Nice, puisque son enquête doit l’y conduire, et l’auteur de conclure : « finalement, ils ne représentaient que 30 % de l’électorat, soit à peine 15 % de la population, ceux qui le faisaient gerber. »

Devenu sentimental et hésitant, le Poulpe soliloque beaucoup et pousse parfois assez loin la réflexion. Cela lui fait un peu oublier Malika et la galère dans laquelle il s’est fourré : « Thiers… C’est assurément le criminel le plus honoré de France ou je ne m’y connais pas. Il faut toujours se méfier d’un pays qui adule à ce point des types comme Thiers. »

Cela n’empêche pas Gabriel Lecouvreur de bien se débrouiller. Il évite les pièges, se bat avec efficacité, se tire avec chance et habileté de tous les coups tordus.

Mais, avec Serge Livrozet, le Poulpe est un anti-héros. Il est parfois timide. Il se reproche sa négligence et sa bêtise. L’histoire fait suite au célèbre casse de la Société générale de Nice, avec Spaggiari. Au milieu des voyoux et des flics de Nice, Gabriel Lecouvreur pourrait s’en sortir comme OSS 117 ou James Bond. Ses propres doutes nous font douter de lui.

Que vont penser les amateurs du Poulpe ? Ils ont l’aventure et le suspens. Mais il va leur falloir apprécier ce personnage atypique. C’est une bonne étude de cas ou, si l’on préfère, une originale introduction à la psychopatologie clinique…

Jacques Lesage de La Haye


Éditions Baleine, Collection le Poulpe, 39 FF.