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Usinor-Dunkerque

contre l’État-patron
Le jeudi 24 juin 1982.

Tout le monde se souvient des luttes des sidérurgistes de 1979 contre les plans de restructuration des patrons et du gouvernement, luttes parfois radicalisées, mais qui se terminèrent en queue de poisson.

La CFDT adopta très vite au plan national une politique d’acceptation de la restructuration, négociant pour obtenir quelques miettes pour les travailleurs. Elle se heurta à l’opposition de ses propres militants de Longwy, et à Usinor-Dunkerque. Ceux de Longwy, trop nombreux, furent « épargnés » (charité chrétienne oblige…) ; ceux d’Usinor-Dunkerque furent exclus après une campagne de calomnies digne de la pire époque stalinienne.

La plupart d’entre eux rejoignirent alors la CGT qui, au moins en paroles, avait adopté une position plus ferme vis-à-vis des plans patronaux. Mais pour ceux qui, comme l’UL 8/9 Paris, l’UD Gironde ou le Centre de tri de Lyon, gênaient l’ « évolution démocratique » de la CFDT, les contraintes de la CGT furent trop grandes.

C’est en mars 81 qu’ils décidèrent de quitter la CGT pour se constituer en Syndicat de lutte des travailleurs. Comme ils le disaient dans leur déclaration : « Si nous avons pris cette décision, ce n’est pas pour le plaisir d’avoir un syndicat supplémentaire à Usinor-Dunkerque. Après avoir essayé de mener un certain combat sur notre conception du syndicalisme, sur les problèmes à mettre en avant, sur ce qui n’allait pas dans un certain nombre de “grands syndicats”, nous en sommes arrivés au résultat que la seule expression qu’on nous proposait c’est de payer son timbre et d’appliquer ce qui tombe d’en haut. »

Comme ils l’expliquaient plus loin, pour eux, à Usinor Dunkerque, créer le SLT c’était créer un meilleur instrument de lutte contre le patronat, c’est cela qui est déterminant pour le syndicalisme en général et l’anarcho-syndicalisme en particulier.

Depuis le 10 mai, la situation a changé puisque l’entreprise a été nationalisée, … le patron loge dans les beaux quartiers près de la place de la Concorde à Paris ! Cela pose des problèmes, surtout quand au début du mois il y a eu un accident à l’usine : deux morts, quatre blessés graves. Les consignes de sécurité n’étaient pas respectées… On se demande à quoi servent les CHS (Comités d’hygiène et de sécurité). Les syndicats représentatifs protestent formellement, le SLT, lui, attaque nominalement les responsables légaux : le directeur et le chef du personnel. Ça ne plaît pas, car derrière eux, c’est l’État et il y a eu le changement…

Les camarades d’Usinor Dunkerque organisés aujourd’hui au SLT seront toujours des gêneurs ! Ils poursuivent leur combat pour un syndicalisme libre (« Le syndicat de lutte des travailleurs ne combat pas pour un pouvoir, mais pour l’émancipation des travailleurs »), contre toute compromission politique ou étatique. Nous devons les soutenir car leur combat est au coeur du problème de l’intégration du syndicalisme à l’État.

Alexis Pierre