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Histoire d’afficher

Le jeudi 13 juin 1985.

Il existe sur Nice une équipe municipale spécialisée dans la censure : ce n’est pas la police municipale, composée d’aboyeurs à la solde du maire (M. Médecin), ni de la célèbre Association des amis du maire, qui annuellement organise un gala avec les célèbres chanteurs d’Occident ; encore moins la bande de Radio-Baie-des-Anges qui affirme « ne pas avoir le marxisme entre les oreilles… » Non, ceux-là on les entend, on les reconnaît. Cette équipe spécialement chargée de recouvrir tout affichage déplaisant pour la municipalité est formée d’une trentaine d’individus employés par le Comité des fêtes de la ville de Nice. Tournant 24 h sur 24, renseignés par la police « médeciniste » et autres électeurs zélés, ils se font un devoir d’arracher ou de recouvrir d’une peinture grisâtre tout graffiti ou affiche ne portant pas le label réactionnaire.

Ces individus circulent dans les automobiles banalisées et sont officieusement en arrêt de maladie : en effet, avant de partir en mission, ils remplissent un papier qui prouverait en cas de difficultés qu’ils étaient gentiment alités. Si rien d’anormal ne se passe, cette feuille est automatiquement déchirée à la fin de la mission.

Affiches anarchistes, communistes ou autres ne peuvent pas embellir les pallissades azuréennes. Pas même le temps de sécher. Quant aux affiches annonçant un concert qui n’est pas sous la responsabilité du Comité des fêtes, elles subissent le même sort : arrachées, recouvertes, interdites. La bande à Médecin qui gouverne la capitale du tourisme hexagonal depuis 1928 est un train de gagner son pari d’anéantissement de toute opposition, après avoir étouffé les MJC dont l’unique rescapée s’accroche désespérément aux coteaux de Magnan. Après avoir égorgé le secteur associatif, en interdisant toute réunion publique, voilà que maintenant l’expression murale est absolument censurée.

Groupe de Nice