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Dominique Lestrat

Des licenciements à répétition

Le jeudi 21 mai 1987.

C’est l’histoire d’un teigneux sympathique qu’une nouvelle fois nous allons devoir vous raconter. Dominique Lestrat, vous connaissez ? C’est ce militant de la Fédération anarchiste qui, 47 jours durant, mena une grève de la faim à la fin du printemps 1984 afin d’être réintégré à la suite d’un licenciement abusif du Centre hospitalier de Prémontré.

Ce fut à l’époque l’occasion d’une vaste campagne de soutien qui déboucha sur une victoire, puisque Dominique fut réintégré le 10 juillet 1985. Pas de chance, le 19 du même mois, il fut à nouveau licencié. Une charette d’auxiliaires et, ironie du sort, il est dedans. Le tribunal administratif fut alors saisi
et le 24 mars de cette année, il vient de décider la réintégration de Dominique Lestrat à partir du 1er septembre 1985. Tout alors était, semble-t-il, réglé.

Jamais deux… sans trois !

Voilà pour les faits. Quant aux motifs pour lesquels Dominique a été licencié, c’est simplement pour s’être opposé à la « casse » du service des docteurs Cadoret et Zadgoun, service de psychiatrie infanto-juvénile considéré comme progressiste. C’est donc de la manière la plus sereine que Dominique Lestrat aurait dû réintégrer son service et s’occuper des enfants malades en mars dernier. Il semble toutefois que la décision du tribunal administratif n’ait pas plu à Imbert (directeur du centre hospitalier de Prémontré) car celui-ci a entamé à l’encontre de notre camarade une troisième tentative de licenciement. Il lui est reproché cette fois-ci d’avoir diffamé par tract diffusé sur la voie publique le directeur du centre, faits d’ailleurs établis par le Tribunal de grande instance de Laon le 2 juillet 1986 et pour lesquels Dominique fut condamné à 3 000 francs d’amende.

En résumé donc : avril 1984, premier licenciement ; après 47 jours de grève de la faim, Dominique est réintégré le 10 juillet de l’année suivante. Le 19 juillet 1985 : deuxième licenciement. Le 24 mars 1987, le tribunal administratif décide la réintégration de Dominique avec effet rétroactif au 1er septembre 1985. Entre-temps : condamnation de Dominique pour diffamation envers Georges Imbert pour tracts diffusés en juillet 1986, époque à laquelle le tribunal n’avait pas encore décidé la réintégration. Mais Imbert considère que ladite réintégration ayant pris effet en septembre 1985, la diffusion de tracts ayant eu lieu en juillet 1986 constitue une faute professionnelle et justifie ainsi, le troisième licenciement.

À l’heure actuelle, notre camarade parle d’une nouvelle grève de la faim ! Affaire à suivre, donc.

J.-P. Gô


Suite dans le nº 664 du 4 juin 1987.