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Dominique Lestrat

Hospitalisation au 35e jour

Le jeudi 2 juillet 1987.

La lutte de Dominique Lestrat, militant du groupe d’Anizy-le-Château de la Fédération anarchiste de l’Aisne, qui continue à se battre contre un ancien militaire, M. Imbert, promu par lé gouvernement de Mitterrand, directeur de l’hôpital psychiatrique de Prémontré, et qui depuis sa nomination ne cesse de détruire tout ce qui est progressiste, ou jugé tel par lui, avec une jugeotte de militaire, (nous savons qu’un pet de travers est… un pet progressiste !).

Au 36e jour de lutte…

Deux fois licencié, deux fois réintégré, par jugement du Tribunal administratif, notre camarade était relicencié une troisième fois le 13 mai dernier par M. Imbert. Depuis le 22 mai 1987, il mène une grève de la faim, qui au jour de rédaction de cet article en est au 36e jour (au 42e, si rien n’est fait, au jour de la parution de ce Monde libertaire). Son état s’est considérablement aggravé : 13 kg perdus, une tension de 10.6, le pouls est descendu à 60. Dans la région de Laon et Prémontré, plus personne n’ignore ce problème. Le gréviste de la faim de Prémontré, c’est le sujet de conversation autour de la table familiale, aux comptoirs des bars de la ville et l’objet de discussions de groupes sur les marchés locaux. Et ce malgré le boycott systématique de L’Union et de L’Aisne Nouvelle, deux des trois quotidiens locaux (voir Monde libertaire nº 668).

Le comité de soutien ne ménage pas ses efforts, et c’est mille affiches qui ont été collées sur les murs et panneaux de la région ces jours derniers. De plus, FR3-Picardie couvre correctement l’événement lors des actualités régionales. On peut dire que la tentative d’étouffer l’affaire relève du plus cuisant échec pour les notabilités et les autorités de tutelle, qui avaient choisi de couvrir les abus du sieur Imbert.

Lors du dernier conseil municipal de la ville de Laon, un conseiller attirait l’attention des élus sur « la situation humaine de quelqu’un qui réclame le droit et l’application de la Justice », c’est donc en ces termes que le problème est posé désormais, et il devient très difficile pour la préfecture d’évacuer la question.

L’attitude de la préfecture

La préfecture avait réquisitionné un médecin du Centre hospitalier de Laon, pour suivre l’état de santé de Dominique qui menait son action dans la Maison des associations de Laon. Ce dernier ayant prévenu le préfet des risques de dégradation rapide pouvant intervenir après 35 jours de grève de la faim, un arrêté a été pris et Dominique vit arriver sur le coup de midi 5 blouses blanches accompagnant un minicar du Samu.

Bien que n’ayant pas demandé cette hospitalisation, notre camarade fut emmené au CHS de Laon, où le directeur en personne vint lui souhaiter la bienvenue. Ce transfert, compte tenu de l’heure et des travaux en cours dans la ville haute, produisit un embouteillage assez conséquent, et ce ne fut pas un transfert incognito. La télévision s’en faisait l’écho, le soir même.

Situation critique

Reste que la situation devient de jour en jour plus critique et appelle une solution autant énergique qu’urgente. Nous appelons chacun des lecteurs à faire de son mieux pour soutenir cette action contre l’arbitraire et l’injustice. Dans ce contexte de démobilisation, sa lutte n’en prend que plus d’éclat et force le respect.

Ceux et celles qui le connaissent, tout en regrettant qu’une nouvelle fois il mette sa vie en jeu, savent bien que Dominique mènera sa lutte jusqu’à ce qu’il ait gain de cause. Le préfet de l’Aisne doit le savoir aussi. Vous pouvez lui téléphoner au 23.20.11.11 poste 8000, pour lui demander de faire vite. Vous pouvez aussi envoyer des télégrammes au ministère de la Santé, pour exiger qu’un frein soit mis aux abus de pouvoir de M. Imbert, nouveau Sire de Prémontré.

Gr. Anizy-le-Château.