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éditorial du nº 1188

Le jeudi 13 janvier 2000.

La gestion paritaire des organismes qui s’occupent des retraites, de la sécurité sociale et des caisses du chômage a du plomb dans l’aile. Les patrons aimeraient bien se partager ce gâteau de 2200 milliards qui leur échappe en partie. Ils attaquent donc sur tous les fronts, en fustigeant le trou de la sécurité sociale, en jouant les prophètes de mauvais augure sur l’avenir des retraites aidés en cela par l’action gouvernementale. Avec notamment le rapport Charpin qui préconise 42,5 ans de cotisation se basant sur une analyse économique et démographique plus que contestable. Quand on veut tuer son chien, c’est bien connu, on dit qu’il a la rage. Tout l’arsenal idéologique déployé pour aboutir a une gestion libérale de la protection sociale ne semble pas suffire pour convaincre les salariés de confier leur retraites aux aléas de la bourse, et la sécurité sociale à des compagnies d’assurance.

Le rapport de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales) qui pointe les dérives de la gestion du CRI (caisse de retraite interentreprises) tombe à pic pour en rajouter une couche contre le système de retraite par répartition. En effet les cotisants auront sans doute à cœur d’éradiquer la corruption dont ils font les frais au profit des patrons et de permanents syndicaux qui se sont payés grassement sur leur dos, alors même qu’ils voyaient certaines de leurs prestations diminuer.

Le terrain est donc prêt pour le MEDEF qui le 18 janvier prochain pourrait annoncer la fin de sa participation à la gestion paritaire. Mais ne nous y trompons pas, lorsque Ernest-Antoine Seillere s’attaque à l’« étatisation de la protection sociale » et à « la nationalisation du dialogue social », il veut surtout éviter que l’État vienne jouer les empêcheurs de profiter en rond. Surtout il remarque que l’État emploie un quart des effectifs salariés qui cumulent les trois quarts des conflits sociaux. Ce n’est donc pas l’État que veulent abolir les libéraux du Medef mais les mouvements sociaux.

Les anarchistes savaient déjà qu’on ne peut pas faire confiance aux directions syndicales bureaucratiques qui ont montré à maintes reprises qu’elles étaient prêtes à s’entendre avec les patrons pour conserver leur pouvoir au détriment des salariés. Le développement du petit actionnariat que l’on présente comme incontournable n’est pas non plus fait pour nous rassurer puisque particulièrement inégalitaire. Reste aux salariés à se réapproprier la gestion solidaire des fonds sociaux, seule garantie pour eux face aux prédateurs de toute catégorie.