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Gouvernement cherche désespérément argent

avril 2019.

Des décennies que ça dure et ça s’aggrave sous l’ère Macron : il faut diminuer les dépenses de l’État et la solution est toujours la même ; non pas de prendre l’argent chez les riches, mais chez les moins aisés (normal, ils sont plus nombreux !). Pas question de taxer les puissants (ISF) ou les Gafam, d’en finir avec l’évasion fiscale des entreprises vers des paradis fiscaux, non, pour le gouvernement il y a plus simple, prendre l’argent dans la poche de ceux qu’il qualifie de « privilégiés », à commencer par les retraités. Comment ? Par le quasi gel des pensions avec une revalorisation de leur montant de 0,3% alors que dans le même temps l’inflation atteint 1,8%. Par la hausse du taux de la CSG qui ampute encore plus le montant de cette pension. En actant le fait que prendre sa retraite à 62 ans ne permet plus de la toucher à taux plein …

Malheur à celles et ceux qui exercent un travail pénible et mal payé.

Malheur à celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt.

Malheur aux femmes qui ont un salaire inférieur à celui des hommes pour un même poste de travail. Aujourd’hui le nombre de femmes qui doivent travailler jusqu’à 67 ans est deux fois et demi supérieur à celui des hommes. Le projet de « réforme » promettait d’avantage de justice, en fait il ne fait que creuser les inégalités.

En Europe l’âge de départ à la retraite est passé de 61 ans et demi (en 2000) à 63 ans et demi (en 2016). Toujours dans la zone euro, le taux d’activité des 50-74 ans est passé de 36,9 % (en 2003) à 49,4 % (en 2017) ; celui des 65-74 ans a lui, presque doublé : de 4,7 % à 8,1 %. En France en 2017, 5,2 % des 65-74 ans sont actifs alors qu’ils étaient 1,7 % en 2003.

Où y a-t-il aussi de l’argent à ponctionner ?

Chez les bénéficiaires d’aides sociales, qui « coûtent un pognon de dingue ». Un membre de l’opposition, Laurent Wauquiez pour ne pas le nommer, suggère une idée qu’il se propose de mettre en pratique dans sa région : obliger les bénéficiaires du RSA à effectuer des heures de travaux d’intérêt général. Une façon de les culpabiliser et de les désigner comme étant des profiteurs du système capitaliste alors qu’ils en sont les victimes.

L’État, en supprimant les contrats aidés aux collectivités locales et aux associations les pousse à recruter des jeunes non-payés par exemple dans le cadre du service civique. De fait, remettre en cause les aides sociales, les soumettre à condition, c’est pousser à accepter n’importe quel petit boulot, à n’importe quelles conditions voire à travailler gratuitement … Le rêve du capitalisme : on supprime le salariat mais pas le patronat.

Parallèlement, l’exécutif continue son travail de sape de la Fonction publique. D’ici la fin du quinquennat le gouvernement projette de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires (ça ne concernera pas les militaires ou les flics, bien évidemment). Ça va passer par la tentative d’affaiblir encore plus les organisations syndicales et les représentants du personnel. Ça passera aussi par la généralisation de recrutements (quand il y en aura) de contractuels pour des durées courtes ce qui développera la précarité pour le personnel ainsi embauché. Pour les agents en place on va imposer la mobilité forcée d’une administration à l’autre. En cas de refus ce sera considéré comme une rupture conventionnelle à l’instar du privé.

Tous ces projets subtils de nos dirigeants sont sur la table et risquent d’être adoptés au début de la période estivale sauf si…sauf si de fortes mobilisations et grèves viennent contrarier les plans gouvernementaux. Car pour l’instant, le ras-le-bol exprimé par certains sur des ronds-points ou dans les rues des villes, n’empêche pas les restructurations, fermetures d’usines, suppressions de services publics (maternités, bureaux de poste, gares SNCF, écoles …).

Organiser les luttes, les amplifier, les unir, c’est l’urgence du moment. Pas une seconde de répit ne doit être donnée à ce gouvernement aux ordres de la classe bourgeoise et des intérêts du capitalisme.

Jean-Jacques Chatelux
Groupe anarchiste Salvador-Seguí


Denis Lopatin

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