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Antifascisme

Un SCALP actif

Le jeudi 4 avril 1991.

À Lille, comme dans beaucoup d’autres villes françaises, il existe un SCALP, qui s’investit dans la lutte antifasciste. Créé en novembre 1987, il regroupe plusieurs dizaines de personnes qui se réunissent une fois par semaine. Un certain nombre de militantes et militants y participent régulièrement, d’autres ne vien-nent que quand il s’agit d’actions précises.

Les militantes et militants du SCALP viennent d’horizons politiques différents (anarchistes, communistes, maoïstes…) ce qui explique qu’ils sont souvent en même temps engagés dans d’autres luttes et mouvements (soutien aux Basques, rock alternatif, luttes des prisonniers…).

La création du SCALP se situe à une époque où le discours et les activités du Front national ont causé de sérieux dégâts : le FN était en train de réussir à imposer ses sujets et son idéologie aux autres partis politiques, créant ainsi un climat où la haine raciale, l’exclusion, le discours sécuritaire, le nationalisme… n’étaient plus des valeurs purement « extrémistes », mais utilisées par toute la classe politique. C’est pourquoi le SCALP ne pouvait pas se contenter de mener uniquement un combat anti-Le Pen, bien que celui-ci et son parti aient été d’abord les cibles privilégiées des activités du SCALP. Il s’est rendu compte, que l’antifascisme radical doit dénoncer toutes les formes de l’idéologie fasciste, de la violence des skins jusqu’aux mesures anti-immigrées du PS.

En analysant les activités du SCALP lillois, on peut constater qu’il agit sur trois axes :
— la réaction contre différentes activi-tés fascistes dans la région ; - l’information ;
— la coordination nationale.

La réaction contre les activités fascistes

C’est probablement cet aspect de la lutte antifasciste qui est le plus remarqué par la population. Le SCALP participe toujours à des manifestations antifascistes qui se déroulent dans la région, bien qu’en y gardant sa spécificité radicale (tracts, slogans) pour se démarquer d’un antifascisme « mou ».

Il réagit aussi quand des immigrés, des jeunes, sont agressés, blessés ou même assassinés par des nazis. Car, malheureusement, des organisations fascistes comme par exemple Troisième Voie ont une assez forte implantation dans l’agglomération lilloise et ces néo-nazis n’hésitent pas à semer la terreur et la violence : assassinat de Patrick Le Mauff en 1988, agressions dans les quartiers et à la faculté, attaque du stand du SCALP à la braderie de Lille en septembre 1989 par un commando de skins, assassinat d’un jeune en janvier 1991 par un skin… Le SCALP y riposte en organisant des manifestations et/ou en prenant contact avec les victimes des agressions.

Le SCALP a utilisé différents moyens pour faire passer ses informations, ses analyses et ses points de vue. D’une part, il publie des tracts et des fanzines, d’autres part, il organise de nombreuses réunions publiques.

Dans ses tracts et ses fanzines, il prend position sur les sujets d’actualité (guerre du Golfe, meurtres racistes, politique sécuritaire…) en y mettant l’accent sur les événements locaux et régionaux. Des thèmes internationaux sont traités lors de réunions-débats organisées par le SCALP :
— un copain anarchiste-antifasciste de Berlin a animé un débat sur l’extrême droite allemande (présentation de différentes vidéos) ;
— Roger Martin, auteur d’AmeriKKKa, un livre sur le Ku-Klux-Klan a animé deux débats sur l’extrême droite aux États-Unis.

La Coordination nationale

Le SCALP de Lille fait partie de la Coordination nationale antifasciste (CNAF) et participe ainsi à la création et au développement des structures nationales de l’antifascisme radical.

Est-ce qu’on peut parler alors d’un « bilan globalement positif » du SCALP ? Certainement, surtout si l’on voit le grand nombre de gens qui viennent aux débats. Par contre, aucun immigré n’a rejoint le SCALP. Les immigrés se joignent au cortèges du SCALP lors des manifestations, mais ils ne participent pas au travail du groupe.

Et il faut constater aussi un certain essoufflement de la lutte « purement antifasciste ». Les gens du SCALP veulent s’investir plus sur d’autres terrains de lutte et c’est dans cette démarche que se situe le tribunal contre la guerre que le SCALP vient d’organiser.

Boubou
SCALP, c/o MNE, 23, rue Gosselet, 59000 Lille