Au 13, rue du Cirque, à Lille, on trouve une des rares librairies féministes de France. Née en 1976 à l’initiative de deux femmes auxquelles se joignaient bientôt quelques groupes féministes de l’époque, la librairie devient associative en 1979, tout en gardant son nom : « Du côté des femmes ».
Tous les mercredis, de 14 h à 21 h, elles accueillent celles et ceux qui désirent se procurer de la documentation, des journaux, des livres, des informations sur les luttes féministes, à l’intérieur de nos frontières et au-delà.
Au premier étage, chaque mercredi soir, une cafétéria est ouverte uniquement aux femmes et offre un lieu d’échanges et de rencontres spécifiques. Un samedi soir, tous les deux mois environ, elles y organisent une fête.
Mais les actions de l’association « Du côté des femmes » débordent du cadre de leur librairie. Elles sont présentes dans le collectif SOS-viol au côté du Planning familial, de la Commission Information du droit des femmes et du Collectif régional d’information des femmes. Elles s’investissent tout particulièrement dans la Coordination européenne des femmes, un groupe de pression féministe créé en 1983 et qui compte des femmes de tous les pays européens. En 1988, ce groupe a réussi à faire apparaître la spécificité des femmes à travers un tribunal de la pauvreté, qui a rassemblé 170 femmes européennes, venues témoigner de leur situation, y compris en interpellant les parlementaires qui s’étaient déplacés pour l’occasion. Il s’agissait de souligner qu’il existe un processus spécifiquement féminin de paupérisation (conséquences négatives du mariage, manque de formation professionnelle…). Il existe, depuis, une commission « Femmes » dans le programme d’action de lutte contre la pauvreté de la CEE, et proposant quelques solutions (notamment la formation dans tous les secteurs professionnels…).
D’autre part, avec la Ligue des droits de l’homme, elles prennent en charge et recherchent des solutions pour toutes ces femmes contraintes au mariage (phénomène beaucoup plus courant qu’il n’y paraît).
Dans le contexte de la guerre du Golfe, elles ont naturellement participé aux débats et se sont mobilisées pour la paix. Elles ont ainsi animé avec le Groupe lillois de liaison des objecteurs de conscience, l’Union pacifiste de France et le groupe Humeurs Noires de la Fédération anarchiste une rencontre anti-militariste.
Face à la résurgence des morales intégristes, et notamment à l’organisation des commandos anti-IVG s’attaquant aux services gynécologiques des hôpitaux, elles ont également réaffirmé leur combat pour l’avortement libre et gratuit. C’est ainsi qu’elles ont participé récemment à une manifestation contre des actions de ce genre.
Enfin, à l’occasion de la journée des femmes, comme chaque année, elles ont tenu à rappeler que la lutte féministe est toujours d’actualité : conférence de presse, le 8 mars, en commun avec le Planning familial, les Cahiers du féminisme et le groupe « Femmes » (50-65 ans) des Petits Frères des pauvres ; un rassemblement sur la Grand-Place de Lille, le 9 mars, autour d’une banderole : « Maternité choisie, voulue et responsable - Avortement libre et gratuit », suivi d’une soirée-débat autour d’un film : Mon XXe siècle, d’Ildiko Enyedi ; exposition toute la semaine dans le hall de la mairie de Tourcoing, dans le cadre de « Femmes dans la cité » sur « les femmes et la pub ».
Dans un proche avenir, elles vous invitent à aller au Festival international du film de femmes de Créteil et du Val-de-Marne, qui se déroulera du 5 au 14 avril.
Annie et Thérèse