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Pour des services publics gratuits, autogérés et libertaires

mai 1999.

Eau, transports, santé, éducation, logement, culture, système bancaire, etc. Si la notion de service public est au cœur des principales luttes de ces dernières années (depuis novembre-décembre 1995), c’est bien parce qu’elle est porteuse d’égalité sociale, n’en déplaise aux bourreurs de crânes du libéralisme.

Dans une civilisation qui se dit évoluée, les services aux publics (donc non marchands, universels, d’accès libre) sont un droit inaliénable. Ils garantissent l’égalité des citoyens et sont facteurs d’entraide sociale. Ils touchent toutes les activités indispensables à la vie en société : l’éducation, le logement, la santé, les transports, l’accès aux communications, mais aussi la gestion de la ville (au sens large), la gestion des ressources naturelles, la distribution ali-mentaire, de l’énergie, etc.

La fin des services publics ?

Pour les anarchistes, la différence entre État et service public est fondamentale. Ce n’est pas la qualité du « propriétaire » qui nous importe (capitaux privés ou d’État), mais la fonction d’utilité sociale pour la population. Aussi, si nous combattons la privatisation ou l’introduction du capitalisme dans le secteur public, nous ne menons pas pour autant une campagne pour la renationalisation de ces services. Nous prônons la socialisation des moyens de production, donc du service public.

Un service peut très bien être détenu par l’État (ou une collectivité locale) et se donner comme objectif de fonctionner selon les critères d’une entreprise privée : faire des profits, c’est-à-dire mettre en avant la rentabilité financière sous couvert de modernisation. Nous n’en connaissons que trop d’exemples, de la Poste aux Universités ! Ce n’est plus un cas d’école, mais déjà la réalité : combien de dirigeants des services publics tentent- ils des opérations marketing vers des usagers renommés « clients » On parle alors « d’écoute du client » mais en ne prenant en compte que les consommateurs rentables. La logique gouvernementale est d’imposer la rentabilité financière aux services publics, de faire payer le citoyen et d’imposer aux salariés une remise en cause de leurs conditions de travail.

Notre volonté et de mettre le citoyen au centre des préoccupations du secteur public afin de définir son action en fonction de nos besoins et non de ceux du capitalisme ni de l’État. À la question : « quelle est la revendication immédiate qui permet de donner un sens libertaire au service public ? », la réponse est rapide et claire : la gratuité. Les anarchistes le disent depuis le début, il n’y a pas de liberté pour les individus sans égalité. Il n’y a pas non plus d’égalité des droits sans égalité sociale.

L’égalité, c’est la gratuité

Or dans le cadre du système capitaliste, la gratuité est la seule garantie d’égalité. C’est donc à nous d’imposer aux principaux bénéficiaires du capitalisme qu’ils payent pour tous les usagers l’eau, l’éducation, la santé, les transports publics, les télécommunications… Déjà aux États-Unis les télécoms offrent la communication « locale » gratuite. Le gouvernement Italien a mis ce point à l’ordre du jour. Qu’attend France-Télécom ? Comme d’habitude, cet ancien service public s’occupe plutôt de ses gros clients (les — Intranet — et les communes), et non des usagers. Les réseaux existent et sont déjà rentabilisés par les transmissions professionnelles : les communications gratuites pour les usagers sont supportables dès maintenant par France-Télécom. À nous de l’imposer, comme nous devons imposer l’éducation vraiment gratuite, mais aussi l’eau potable et gratuite pour tous…

Le service public, c’est de l’eau pour tous, le service au public, c’est des de l’eau gratuite et de qualité pour tous, le service d’utilité sociale, c’est quand l’eau est gratuite et de qualité, en faisant payer les multinationales fabricantes de pesticides et en virant les politiciens qui, au nom de l’aménagement du territoire, transforment la Bretagne en une mare de nitrates. Il est temps de débarrasser le service public des politiciens, donc de l’État et de la logique de rentabilité financière, donc du capitalisme !

Union régionale bretonne de la Fédération anarchiste


Le RMI a dix ans
Charmag, 1999