Accueil > Archives > 1999 (nº 1146 à 1186) > 1162s, suppl. « marche Lille-Cologne », avr. 1999 > [La liberté d’expressions bafouée par… un socialiste]

La liberté d’expressions bafouée par… un socialiste

mai 1999.

Après Le Pen, qui n’aime pas nos dessins… Après Debré, qui n’aime pas nos commentaires sur la police… C’est au tour de M. Pajon, maire PS de Noisy-le-Grand (région parisienne) de traîner le Monde libertaire devant les juges. Ce maire socialiste a permis à l’extrême-droite intégriste de construire une chapelle dans sa commune.



Pour avoir dénoncé sa complaisance, notre hebdomadaire, le Monde libertaire, se voit une nouvelle fois menacé d’étouffement. Ce n’est en effet rien moins que 130 000 F que Pajon réclame en guise de dommage et intérêts. Qui disait que la liberté d’expression n’a pas de prix ? Pour notre journal sans subvention ni publicité, une telle condamnation représenterait la mort immédiate.

Sa plainte avait pourtant été rejetée en première instance à l’automne 98, tellement le dossier présenté par l’édile était vide et mal constitué. Mais le maire de Noisy-le-Grand a fait appel de cette décision et espère pien obtenir la peau de notre journal.

On sait que sortir du consensus bien pensant est un sport à risques pour la presse. L’acharnement judiciaire et donc la censure économique menacent en permanence les derniers journaux libres. L’extrême-droite se fait un devoir de traîner Charlie-Hebdo de procès en procès, mais d’autres revues sont régulièrement visées, d’autant plus facilement qu’elles sont moins connues.

Plus grave encore : ce garrottage soft mais efficace des voix indésirables, fait des émules. Il y a eu les astreintes astronomiques contre un livre dénonçant les magouilles des chambres de commerce, il y a eu les biographies qu’on renonce à publier de peur de déplaire. Il y a désormais les élus locaux qui ne supportent pas la contestation chez eux. Il faut dire que la gauche au pouvoir semble avoir du mal à supporter les libertés qu’elle ne contrôle pas. En août 1983, le gouvernement socialiste envoyait ses CRS saccager les studios de Radio libertaire, coupable d’exister en dépit de la déferlante des radios-fric. Quinze ans après cet épisode glorieux de socialisme responsable, Radio libertaire continue à faire entendre sa voix sans maitre en région parisienne (et elle a du faire face à un procès, un de plus, de la part de l’administration pénitentiaire, pour la déplaisante lecture à l’antenne de la lettre d’un détenu).

Pajon, qui passe pour rocardien, applique néanmoins parfaitement la méthode mitterrandienne. En effet, sa complaisance vis-à-vis du Font national et de l’extrême-droite apparaît bien à Noisy-le-Grand comme une manœuvre pour diviser la droite dans le seul but de préserver son emploi de député-maire. Pire encore : après avoir dit qu’il avait accordé le fameux permis de construire aux intégristes afin d’éviter des frais de justice à la municipalité, il se sert maintenant de l’argent municipal des Noiséens pour faire taire le Monde libertaire.

Le PS ne doit se faire aucune illusion. Même s’il croit qu’un Pajon coût moins qu’un CRS en termes d’images et de sondages, nous n’avons aucunement l’intention de laisser notre hebdo, le Monde libertaire, qui défend depuis plus d’un siècle les idées, les analyses et les propositions anarchistes, sombrer sous la censure hypocrite de l’institution judiciaire sans réagir. Ne serait-ce qu’en dénonçant les sales coups des socialistes contre la liberté d’expression.