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Des papiers pour tous !

mai 1999.

La gauche plurielle, après avoir réhabilité la « libre entreprise » et le profit auprès de son électorat pendant les septennats Mitterrand, se pare aujourd’hui de la tenue sécuritaire. Derrière un discours républicain se cache le nationalisme et des valeurs sécuritaires. Cette idéologie chère à Jean-Pierre Chevènement tente d’unifier exploiteurs et exploités dans le même mythe fondateur de l’État français. Ce nationalisme soft a pour but l’union sacrée autour des valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité.

  • Leur Liberté, c’est laisser le dominant soumettre le plus faible.
  • Leur Égalité c’est permettre à certains d’être plus égaux que d’autres.
  • Leur Fraternité c’est tenter de rassembler une fraction de la population autour d’une pseudo-identité commune.

S’unir pour lutter

Une telle représentation de l’unité nationale n’est possible qu’à la condition de désigner à la vindicte populaire une frange de la population chargée de servir de bouc-émissaire responsable de toutes les tares de la société : chômage, précarité, délinquance…

Aujourd’hui, les travailleurs immigrés sans-papiers remplissent ce rôle. Taillables et corvéables à merci, privés de tous les droits, ils expérimentent la flexibilité-employabilité salvatrice que nos dirigeants nous promettent à grands cris.

Ne nous y trompons pas, les travailleurs clandestins sont indispensables au patronat : de nombreux secteurs de l’économie les exploitent ouvertement (la confection, le bâtiment, la restauration…). Soumis bien souvent à des conditions de travail que ne renieraient pas les esclavagistes des siècles passés, ils sont de plus maintenus par l’appareil d’État dans la terreur d’une expulsion synonyme de mort, d’emprisonnement, de torture ou de famine, pour eux et leurs familles.

La dernière amnistie présidentielle accordée à leurs patrons (ces nouveaux négriers) montre l’empressement de l’État à maintenir ce volant de travailleurs exclus des droits sociaux les plus élémentaires pour le plus grand profit du patronat.

Les voici aujourd’hui répertoriés, fichés par l’administration, avec en prime, le risque accru d’une expulsion, seule réponse à leur lutte commune et revendicative pour sortir d’un ghetto de non droit.

Les travailleurs n’ont pas de patrie.

Anarchistes, ennemis du nationalisme, nous dénonçons la maîtrise des flux migratoires et le mythe de l’identité nationale. Nous revendiquons pour tous la liberté de circuler, de vivre et de s’installer sans considération de frontières.

  • Nous dénonçons le nationalisme sécuritaire qui avance masqué sous un discours républicain.
  • Nous condamnons la république qui s’accommode d’une égalité et d’une liberté de droit démenties par la réalité sociale. Partout où ils sont investis (lieu de travail, quartier) les militants anarchistes continueront à apporter leur aide et à exprimer leur solidarité aux sans-papiers. La loi Chevènement, en criminalisant la solidarité (rejoignant ainsi les lois anti-ouvrières interdisant aux travailleurs de s’organiser pour se défendre), renforce notre détermination à exprimer activement notre solidarité.

La lutte des sans-papiers est notre lutte à tous.

  • Libération de tous les sans-papiers.
  • Régularisation de tous les sans-papiers.
  • Suppression des camps de rétention et autres zones de non-droit.
  • Arrêt des poursuites en cours.

Fédération anarchiste