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Créer un groupe d’hommes proféministes

Le vendredi 23 juin 2000.

Souvent, on nous demande « Comment créer un groupe d’hommes ? ».

Il n’y a pas de recettes magiques pour se regrouper, parler de soi, de sa vie, commencer à essayer de vivre d’autres rapports entre hommes… mais, à l’expérience, plusieurs conseils peuvent être donnés.

Pour créer un groupe, il faut au moins être trois. Beaucoup de garçons aimeraient, mais n’osent pas, d’autres hésitent… longtemps. Le mieux est d’en parler autour de soi, à ses amis, aux amis d’amis, et… de faire le pas.

Une fois la date de la première réunion fixée, le téléphone débranché (pour être tranquilles), les enfants donnés à garder, etc., vous allez pouvoir commencer…

Quelques règles de bases :

  • Il faut parler de soi, utiliser le « Je ».
  • Chacun doit pouvoir parler, ou ne pas vouloir parler. Les groupes ne sont des nouveaux goulags… Apprenez à écouter les autres, y compris leurs silences. Et les silences ne sont pas gênants…
  • On ne parle pas des autres : les absents, et surtout les absentes : les femmes. Le groupe n’est pas le lieu pour que les hommes parlent d’eux à nouveau à travers un discours sur les femmes. Ce qui n’empêche pas que chacun puisse dire ses difficultés avec untel ou unetelle.
  • On s’engage à garantir la confidentialité des paroles échangées. Ceci doit permettre la parole…
  • On n’est pas là pour juger les hommes. Le groupe n’est pas un bureau politique. Chaucun reproduit à sa manière des rapports de domination avec les femmes, la concurrence et la guerre entre hommes. Personne n’est parfait (et heureusement)…
  • Éviter de partir tout de suite dans des grands projets collectifs. Les hommes ont trop été habitués à répondre aux questions par un « faire ». Prenez le temps d’apprécier les moments entre vous, de les renouveler…
  • Le groupe n’est pas un lieu magique. Acceptez de prendre du temps, échangez des textes, des articles…
  • Prenez contact avec les groupes similaires, échangez vos expériences, les débats… (le réseau d’hommes proféministes peut vous y aider).
  • Acceptez de prendre du plaisir entre vous, ou à l’inverse acceptez les critiques des autres et prenez-les comme une richesse pour changer vos rapports aux hommes et aux femmes.

Faut-il boire ou manger ensemble ?
Il n’y a pas de règles, chacun fait comme il veut. Mais l’objectif des groupes n’est pas de créer un syndicat d’hommes tristes… Certains mangent, d’autres non.

Quelle périodicité ?
Certains groupes se réunissent une fois par mois, d’autres deux fois ou plus. Ce qui est important, c’est de comprendre que le masculin ne se déconstruit pas en deux ou trois séances. Évitez donc de jouer les blasés après seulement quelques tentatives.

Quels thèmes aborder ?
Souvent les groupes décident, à partir des expériences personnelles de leurs membres, d’aborder un thème par soirée : paternité, sexualité, rapports aux hommes, rapports aux femmes, les plaisirs, l’armée, l’homophobie, les violences, les luttes (guerres) entre hommes et entre nous, comment aider les femmes féministes ?

Il est aussi important de ne pas partir de rien. Le groupe peut diffuser des articles, des textes. Non pour servir de bible, mais pour connaître d’autres réflexions masculines.

Et faites nous connaître vos expériences…

Extrait du bulletin nº 2-3 (juin 1998) du Réseau européen d’hommes proféministes
c/o Les Traboules, 12, rue Agathoise 31000 Toulouse.
Site internet : http://www.menprofeminist.org