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éditorial du nº 1312

Le jeudi 20 mars 2003.

À l’heure du bouclage, nous ne sommes pas en état de savoir si l’invasion massive de l’Irak a réellement démarré à l’heure voulue pas les super-gangsters. Par contre, le spectacle parisien de la manifestation antiguerre de samedi dernier laisse un gout amer dans notre bouche. Certes, le cortège libertaire était encore de bonne tenue si on le compare à celui d’il y a un mois. Mais ces mobilisations appelées par des organisations de gauche ou syndicales et des collectifs lycéens ne sont pas sans rappeler l’élan républicain de mai 2002. D’autant que les chiffres estimatifs des manifestants livrés par la police à la presse témoignent d’une volonté manipulatrice — comme d’habitude mais cette fois-ci dans l’exagération — de confirmer un soutien populaire au président Chirac. Le pacifisme circonstanciel et sélectif de ce dernier est systématiquement relayé par les médias bourgeois. La finalité obtenue est bien utile car elle masque l’aggravation accélérée de la situation sociale.

Quand bien même la douce mort d’un grand marchand de canons apporte un peu de gaité dans notre esprit d’anarchistes et d’antimilitaristes, nous avons conscience que le système continue à broyer un peu plus d’existences en y mettant les bouchées doubles.

En effet, les journalistes ne se lassent pas de se désoler des baisses enregistrées sur les places boursières. Cette crise plus terrible que celle de 1929 n’empêche pourtant pas les records de chiffres d’affaires et de résultats nets. À chaque publication triomphale de leurs bénéfices et économies réalisés, les actionnaires décrètent au mieux blocage des salaires et aggravation des rythmes de travail et au pire des plans sociaux. Ces augmentations de richesses et ces bénéfices sont bel et bien le fruit de précarisation et d’exploitation accrue des salariés. Sans parler des hausses des prix supportées par les consommateurs. Il y a comme un souci avec la répartition des richesses.

Alors, il ne faut pas être polytechnicien pour comprendre que le système n’a pas besoin de se porter mal pour nous casser un peu plus. D’ailleurs, les réactions radicales des Cellatex, des Arcades, Pizza Hut et autres conflits récents devraient encourager à la rupture avec cette logique prétendue consensuelle. Les expériences social-démocrates de gouvernement subies ces vingt dernières années confirment qu’aucune volonté politique n’a le pouvoir de redistribuer la « donne » sociale. Et c’est aussi notre tâche de rappeler que les révolutionnaires en peau de toutou et autres altermondialistes se plantent complètement en prétendant moraliser le capitalisme.