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Lille

Air France - Air Flic

Le jeudi 6 février 1997.

Le Collectif pour l’Abolition des Frontières (PAF, Lille) a occupé le 31 janvier, au 17e jour de grève de la faim des 18 sans-papiers lillois, l’Agence d’Air France, rue Faidherbe à Lille. Cette action était simultanée avec d’autres occupations du même Air France à Paris (agence Luxembourg) et Lyon. Une vingtaine de manifestants ont investis les lieux en début d’après-midi pour protester contre les expulsions de sans-papiers aux-quelles la compagnie aérienne continue de prêter son concours. Ainsi, le 9 janvier trois sans-papiers de Saint-Bernard ont été expulsés vers Bamako sur un avion d’Air France, chlorophormés, des chaînes aux pieds, les poignets entravés par du ruban adhésif ; le 25 janvier, un sans-papier du 3e collectif (Paris) refusait d’embarquer sur un avion d’Air France à destination de Pékin. Le 9 janvier, le service de sécurité d’Air France avait même prêté son concours à cette expulsion bestiale.

L’occupation avait pour but d’obtenir une prise de position claire, après la condamnation de ces faits par les syndicats du groupe, par la direction d’Air France. Peine perdue : selon elle, la compagnie agit sur ordre du gouvernement et n’a aucune responsabilité dans cette affaire. Pourtant, ses pilotes ont le droit de refuser de décoller en cas d’embarquement forcé, ce qui ne fut pas fait le 9 janvier.

Après une heure d’occupation, les manifestants furent expulsés des lieux avec violence par les forces de police, emmenés au commissariat central, menottés, interrogés (pour certains avec quelques baffes…) et les flics prirent leurs empreintes et photos ! Tout ça pour une simple occupation pacifique d’un lieu public. Les flics seraient-ils un peu nerveux à ce moment du mouvement des sans-papiers lillois, tandis que le préfet s’enferme dans le silence ? Pour le moment, aucune poursuite n’a été notifiée aux manifestants qui sont ressortis libres du commissariat après quelques heures de perdues entre les griffes des cognes.

par Bertrand Dekoninck (Lille)