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Pasqua 1er, le retour

La Fidélité (à soi-même) paie…

Le jeudi 20 mars 2003.

Le grand vainqueur du 1er tour des présidentielles de 2002 vient enfin de toucher les dividendes de son « absence ». Rappelons-nous, juste avant la naïveté totalitaire [1] du second tour ou le candidat perdant a fait un score aussi médiocre que celui de Chirac au premier tour. Rappelons-nous, juste avant l’échec de Lionel Jospin, de la vrai-fausse candidature de Charles Pasqua. Lorsqu’il « pleurait » sur son manque de signatures.

Lui et le candidat du Front national avaient utilisé un pseudo-manque de signatures pour mieux se médiatiser… et marchander. Un soutien à sa présence au premier tour pour l’un, par pure démocratie… s’entend. Un arrangement pour ses « affaires » pour Pasqua, une petite immunité ou amnistie à négocier et éventuellement un recyclage des derniers fidèles du RPF.

Car le vrai vainqueur du premier tour est bien Charles Pasqua. Son absence a tout simplement évité un second tour Jospin-Le Pen (et l’éclatement de la droite ?). Dès le soir ou dès le lendemain, il a du présenter la facture à Jacques Chirac. Je ne sais si c’est celà que médias et politiques ont qualifié de « séisme politique », mais j’ai bien ri.

Toujours est-il que la réforme des scrutins va lui permettre de recumuler le mandat — très rentable — de président du conseil général des Hauts-de-Seine et celui très immunitaire de parlementaire européen. Sept mois après avoir du démissionner, il est « enfin » revenu à la présidence de son instance préférée. En effet, comme une réélection ne pouvait se faire qu’avec la totalité des sièges pourvus, le camarade terroriseur de terroristes a organisé des démissions successives de conseillers [2]. Depuis la réforme du cumul des mandants du socialiste Bernard Roman, Pasqua avait du choisir le mandat que lui permettait d’échapper aux poursuites des juges français. Sarkozy et Raffarin, épaulés par Juppé (lui-même en délicatesse avec la justice) et sous l’œil bienveillant du président de la république, présentent soulagés sa récompense au multi-traitre Charles Pasqua. Un homme qui « n’est ni de gauche, ni de droite et même un peu anarchiste » et dont les promesses « n’engagent que ceux qui y croient ». Voilà enfin le Charles paré pour le grand spectacle de l’après 2007 : « L’Immunité totale avec J.C. ».

Claude Delattre


[1Celle qui voulait que chacun se lance dans le front uni et électoral contre le FN. Pas si unitaire que celà dans les faits. La droite, presque coïte, laissant la gauche et les humanistes faire la campagne. La gauche, et notamment le PS, manipulant tout le monde dans l’espoir de crédibiliser Chirac par un score « soviétique ».

[2Pour la petite histoire, voir aussi Libération du 25 février 2003. Bien évidemment, l’opposition communiste et socialiste qui dénonce ce procédé n’a pas eut l’idée de procéder de même maintenant pour prolonger le jeu (esprit civique ou esprit de lucre ?).