Il y a maintenant plus de 20 ans le Monde libertaire devenait hebdomadaire (nº 1 hebdo sept. 1977). Ce changement de périodicité correspondait à une nécessite politique, le mouvement libertaire avait besoin d’un outil adapté à son essor. Son lancement fut possible grâce à un remarquable effort de la part de ses amis et lecteurs. Ce formidable outil a plus que rempli sa fonction, notre choix stratégique s’est révélé juste. On pourrait ironiquement dire que la nécessité d’un hebdo libertaire a été parfaitement illustrée par les procès à répétition qui nous ont été intentés ces derniers mois. Faire connaître les propositions libertaires, lutter contre le fascisme et l’exploitation, propager l’idée de révolution sociale reste une tâche périlleuse.
Aujourd’hui, alors que l’ultra-libéralisme s’impose jusque dans la presse, tout est bon pour faire taire les voix discordantes. Il serait naïf de s’illusionner, éditer un journal sans publicité et sans subvention reste plus que jamais une gageure. Quand on voit la crise que connaît l’Humanité (malgré les millions de subventions qui lui sont accordés dans le cadre des aides à la presse), qu’on constate la difficulté pour les proches du PS de réaliser Le Quotidien de la République, on imagine sans peine la difficulté pour un hebdo comme le nôtre de simplement subsister.
L’administration, dont le rôle est d’assurer la sortie du journal chaque semaine d’un point de vue financier et technique, a été confrontée à des problèmes financiers de plus en plus importants. Tous les efforts en vue d’équilibrer recettes et dépenses ont été réalisés ces dernières années. Un exemple pour illustrer la situation à laquelle nous devons faire face : l’envolée du prix du papier nous a porté un rude coup. Elle a été suivie par une modification tarifaire de la diffusion par les NMPP, il y a deux ans, sous la pression de grands groupes de presse. Cela s’est traduit par une perte de plus de 20 % de nos recettes en kiosque. Dans la foulée, la privatisation de la Poste a engendré une augmentation du routage de 200 % en deux ans.
Une nouvelle hausse du routage interviendra en 1999. Il nous faut intégrer dans la gestion du Monde libertaire des paramètres que nous ne maîtrisons pas. Nous avons retardé le plus possible la décision d’augmenter le prix de vente de notre hebdomadaire (qui n’avait pas bougé depuis 1977). Cette décision est aujourd’hui impérative, au risque de le condamner à disparaître. Les compagnons ayant en charge la gestion du Monde libertaire, après en avoir débattu, ont proposé certaines mesures applicables au 1er janvier 1999.
Nous avons tenu compte pour décider de ces mesures, de l’existence d’un nombre croissant de lecteurs ayant une situation économique précaire. Le prix de vente au numéro reste de 10 F L’abonnement coûte désormais 350 F (un coût inférieur de 100 F par rapport au prix de vente au numéro), l’abonnement de soutien passe à 400 F. Les détenus et les chômeurs bénéficient toujours d’une tarification à 50 %. L’abonnement par prélèvement automatique reste fixé respectivement à 400 F (soutien) ou 320 F (normal). Le prix de l’abonnement à l’étranger est inchangé.
Nous avons cependant conscience que l’augmentation seule du prix de vente du Monde libertaire n’est pas suffisante. L’administration entend dans les mois à venir engager une campagne de développement de notre titre sur les ventes à la criée, en kiosque et par abonnement. Dans cette optique nous allons prochainement tenter de diffuser le Monde libertaire sur la Belgique voire sur la Suisse francophone. À un moment difficile pour la vie de notre journal, nous comptons sur votre compréhension et sur votre soutien.
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