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éditorial du nº 1085

Le jeudi 22 mai 1997.

Le devoir civique bat son plein ; la démocratie parlementaire, présentée comme la forme suprême et indépassable de l’organisation de la société humaine, une fois de plus, est livrée à l’adoration des foules de citoyens. Il faut qu’ils soient convaincus qu’elle demeure le pire des régimes, à l’exception de tous les autres.

Qu’en est -il exactement ? Quelle est encore, aujourd’hui, auprès de la population, la force de l’illusion de la démocratie parlementaire, du suffrage universel qui, comme le disait Michel Bakounine est « l’exhibition à la fois la plus large et la plus raffinée du charlatanisme de l’État ; un instrument dangereux, sans doute, et qui demande une grande habileté de la part de celui qui s’en sert, mais qui, si on sait s’en servir, est le moyen le plus sûr de faire coopérer les masses à l’édification de leur propre prison ; […] le suffrage universel, considéré à lui seul et agissant dans une société fondée sur l’inégalité économique et sociale ne sera jamais pour le peuple qu’un leurre… »

Lors des trois élections législatives de 1978, 1986 et 1993, le taux d’abstention a été respectivement de 16 %, de 22 % et de 31 %. Accompagné d’une hausse sensible des votes blancs et des suffrages qui refusent de voter pour les « partis de gouvernement », les partis de gestion du capital, y compris le PCF, ces pourcentages s’élèvent à 26 %, 44 % et 55 %. Lorsqu’on sait que s’ajoutent à ces totaux environ 10 % de non-inscrits, on en arrive à la conclusion que les deux tiers des citoyens en âge de voter ont refuser de cautionner les organisations politiques de gauche ou de droite qui se proposent de gérer la société actuelle.

Une part non négligeable du nouvel abstentionnisme provient des déçus du socialisme, le stalinien ou le social-démocrate. Peut-être la présence polluante du Front national inversera-t-elle pour quelque temps cette tendance ? Sans pourtant récrédibiliser des courants politiques prétendument opposés mais qui, sur le fond, conduisent une même politique de gestion loyale du capitalisme…

L’alternative est ailleurs, hors des isoloirs : dans les rues et les entreprises. Elle a pour nom grève générale et révolution sociale.