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éditorial du nº 1810

octobre 2019.

par Patrick (CRML)



La contagion !

En préparant ce numéro, c’est bien ce mot qui s’est imposé, et très rapidement. Une contagion se produit sous nos yeux, et sur plusieurs dimensions. Année après année, pays après pays, c’est en toute légalité pour l’instant encore, que tombent les barrières, que s’effacent les lignes rouges, laissant la place à un brun toujours plus sombre.

Une forme de contagion se répand tant en France, qu’en Europe et sur d’autres continents. Le fond de l’air est brun. Son odeur peut tour à tour être celle de la sueur rance des brutes qui tabassent dans les impasses, les squats, ou les manifestations, sous le regard absent de la police. Ou l’odeur, étouffante celle-là, que le déodorant des juges laisse échapper lorsqu’ils protègent ces brutes et poursuivent les antifas d’ici et d’ailleurs d’une haine féroce.

La police, on l’a vu depuis novembre dernier, n’a plus guère de limite dans l’usage de la violence. Une femme morte, des manifestants éborgnés, amputés, blessés, enfermés. Un pouvoir d’un cynisme absolu qui assume froidement sa violence allant jusqu’à distribuer des médailles.

Les législateurs s’emballent également et votent toujours plus de lois liberticides dont on ne voit plus la limite, dissolvant la frontière entre le droit et l’exception. À leur initiative, c’est à chaque instant, que des intelligences artificielles dotées d’une mémoire infinie et d’une attention sans faille traquent nos téléphones et nos ordinateurs. Alors que ses machines préparent nos « fiches », tranquillement, l’État assume d’enlever le masque, montre son vrai visage…

Quant à la classe politique, il apparaît que l’infecte martingale inventée par François Mitterrand s’est emballée. La famille Le Pen, l’adversaire idéal car frappé d’interdit, « qui jamais ne pourra l’emporter », ne cesse de progresser ; chaque nouvelle réforme anti-sociale lui fait gravir une nouvelle marche du perron de l’Élysée.

Enfin, l’on s’aperçoit qu’alors que le brun s’installe à bas bruit au sein de l’État régalien, le patronat se prépare à changer de cheval le moment venu.

Préparons-nous à ce mouvement qui n’attend qu’un bulletin de trop.

L’Europe quant à elle, est le lieu de la pandémie. Inutile d’égrener une liste que chaque élection allonge un peu plus. Si l’on excepte la pantalonnade italienne d’une extrême-droite temporairement ligotée par son propre « leader » Matteo Salvini, le brun se répand et toujours plus foncé.

Alors… alors les anarchistes sont toujours sur ces fronts. En Suède, c’est Tess Asplund (notre couverture) qui le 1er mai 2016, poing levé, seule, a fait face à un cortège de 300 néonazis — chaque personne compte !

En Grèce, après avoir gagné le combat contre Aube dorée, nos compagnes et compagnons s’organisent pour défendre maintenant le quartier d’Exarchia. En France, alors que le collectif La Horde met à nu les réseaux de l’extrême-droite, le temps semble venu d’être unis, poing levé, face aux idées, aux lois et aux brutes nauséabondes, d’où qu’elles viennent. Le temps aussi est venu d’accélérer la mise en œuvre de nos idées pour convaincre toujours plus une population qui se cherche, qui nous attend, en quête de nouveaux horizons, et sinon… d’un sauveur.

par Patrick pour le CRML