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éditorial du nº 1089

Le jeudi 19 juin 1997.

Au mois de mai 1995, Martine Aubry, actuelle et ancienne ministre de l’emploi, expliquait sur les ondes de France Inter les raisons de l’échec de la gauche après deux législatures. Son argument était hallucinant : « Nous avons tout simplement oublié de changer la société. » Cette amnésie sociale ne s’appliquait pas à sa personne, puisqu’elle fut durant cette période directeur général adjoint chez Péchiney aux côtés de Jean Gandois, patron actuel du CNPF. « Les bons amis font les bons comptes » doit être une maxime socialiste ! En juin 1997, une semaine après sa nomination, Jospin oublie déjà ses promesses concernant les licenciés de Vilvorde.

Décidément, la maladie s’aggrave !

Salariés, précaires, chômeurs, nous n’oublions pas. Nous savons que cette Europe, gérée par une majorité social-démocrate, a plus de dix-huit millions de chômeurs. Et ce ne sont pas des euro-manifs décidées par les appareils syndicaux trois à quatre mois à l’avance qui changeront cela. Les alliés du capital qui se sont réunit les 16 et 17 juin à Amsterdam n’ont que faire de ces soubresauts éphémères !

Nous sommes en droit de nous demander ce que veut dire Europe sociale quand emploi et flexibilité, réduction du temps de travail et baisse des salaires sont liés. Quand les États engraissent davantage le patronat, Electrolux et ses 12 000 licenciements nous rappellent la réalité.

Certes, une radicalité semble se dégager depuis quelques temps dans les conflits sociaux (routiers, loi Debré, contrôleurs SNCF, maîtres auxiliaires…). À chaque fois, l’action directe, la séquestration des patrons, l’auto-organisation des luttes reviennent. Vouloir détourner cette volonté émancipatrice même avec un baratin pédagogique en termes d’« exigence raisonnée dans le temps » (Jospin) aura du mal à tenir. L’homéopathie sociale de Jospin ne peut pas faire oublier les dégâts de vingt ans de restructuration du capitalisme.

Retraite à 55 ans, 32 heures sans baisse de salaires, égalité des droits sont autant de revendications unifiantes qui émergent partout.

Anarchistes, notre tâche est de participer activement à la création d’un mouvement social avec des perspectives autogestionnaires et anticapitalistes, seul capable de renverser la logique capitaliste porteuse d’inégalité sociale et économique, qu’elle soit bleue, rose ou brune.