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Nécrologie

Ernest Leroy

janvier 1963.

Ernest Leroy : un de ces compagnons pour qui l’anarchie était tout à la fois rêve d’harmonie situé dans un avenir incertain et fraternité présente.

Cette fraternité s’exerça au cours d’une longue existence au service de la cause.

Il fut le contemporain de l’affaire Dreyfus et l’ami de certains de ceux qui l’animèrent, comme Zola et Sébastien Faure.

Il fut le témoin de Raymond la Science et le soutien de sa mère.

Il fut parmi les rédacteurs de la « Guerre sociale ».

Réformé en 1914 il peut traverser la tourmente, sans transgresser à sa foi pacifiste et soutenir les camarades dans le besoin.

La guerre terminée il se consacre à la défense des objecteurs. Combien d’entre eux gardent son souvenir !

1939 : À nouveau la folie guerrière se déchaine sur le monde. Ernest Leroy et sa vaillante compagne se consacrent à la création d’une cantine chez les Quakers au service des prisons.

Démarches dangereuses auprès des autorités allemandes qui ont failli les faire arrêter tous deux pour leur soutien à ceux qui refusaient le travail forcé.
Lors de l’arrestation des israëlites il passe deux jours et deux nuits au Vélodrome d’Hiver. Pour être présent il avait accepté une tâche refusée par tous, la création et l’entretien des W.C. et le ravitaillement de la cantine ce qui lui valait des pauses de deux et trois heures aux Halles par 14 °C au dessous de zéro dans l’attente des arrivages.

Il a été l’exemple vivant de sa formule : « Qu’est-ce que nous serions, s’il n’y avait pas d’amour entre les anars ? »

Cet amour il l’a étendu à ceux même qui ne pensait pas comme lui et à qui il prodiguait ses for-ces et sa bonté.

À quatre-vingt-trois ans il a fermé les yeux sur ce monde, laissant à ses suivants l’exemple d’une vie remplie au service d’une cause dont il était digne.

M. Laisant