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éditorial du nº 1091

Le jeudi 11 septembre 1997.

Il aura donc suffi qu’un couple de milliardaires, sortant d’une virée au Ritz, se plantent en limousine, avec un chauffeur ivre, pour que le monde entier s’arrête de vivre vingt-quatre heures au moins.

La société du spectacle fait recette !

Dans cette réalité virtuelle créée par des professionnels de la communication à la solde du pouvoir, les 90 000 morts algériens (en six ans) n’existent pas ! Aucune place ne leur est réservée dans cette dimension mythique et lamentablement étriquée.

Avec la mort de cette aristocrate, l’aliénation organisée est montée d’un cran. Un tel délire médiatique nous est insupportable.

Dire que nous sommes chaque jour davantage plongés dans l’horreur d’une société toujours plus marchandisée, toujours plus atomisée et plus que jamais médiatisée, c’est peut-être un lieu commun mais il s’agit bien aujourd’hui de combattre l’emprise idéologique de tout un système : le journal de vingt heures est devenu l’arme puissante d’une véritable forme de totalitarisme, certes au visage démocratique, mais ennemi irréductible de la pensée critique, de la raison et de l’imagination.

Par contre, il est clair que la critique radicale de la société actuelle et le projet social des anarchistes peut de nos jours rencontrer un nouvel écho, justement parce que l’anarchisme s’attache fondamentalement à dénoncer les manipulations, les mystifications, les croyances de toutes sortes, bref tout ce qui constitue l’essence de l’autorité. Ce que nous tentons d’apporter c’est également une nouvelle éthique politique. Cette éthique peut séduire d’autant plus qu’elle apparaît liée à un projet de société crédible, attribuant à l’individu sa place d’être vivant dans un monde bien réel, acteur de son présent et de son devenir et pouvant librement choisir la manière dont il veut s’organiser avec les autres. Exactement l’inverse de ce que l’actualité nous assène.