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Département

La gauche perd le Nord

Le jeudi 4 juin 1992.

L’annonce de la défaite du Parti socialiste dans le Nord a fait l’effet d’une bombe au lendemain des élections cantonales du 29 mars.

Le second tour a été sévère pour ce parti qui contrôle les commandes du département depuis 1937, à l’exception de l’année 1953 où le président avait été élu au bénéfice de l’âge. Le groupe UDF-RPR et divers droite, qui disposait seulement de 32 élus, en compte maintenant 41, et devient donc majoritaire (sur 79 sièges). Les premiers surpris furent les ténors de l’opposition, eux-mêmes. Le PS, lui, en est resté abasourdi. Les raisons de cet échec peuvent s’expliquer par un taux de participation en baisse (plus de 6 % en moyenne par rapport au premier tour), par un mauvais report de voix entre le PS et le PCF, mais aussi par un immense ras-le-bol envers ces potentats socialistes qui régnaient sans partage sur l’avenir du Nord depuis un demi-siècle.

Des têtes du PS ont été battues, et non des moindres. Le nouveau découpage, organisé par le PS, n’a guère profité à celui-ci.

Au total, le PS perd 3 sièges, le PCF autant, alors que le RPR en gagne 7, et l’UDF 1, idem en ce qui concerne les divers droite. Le grand vainqueur est donc le RPR, qui fait ainsi élire son leader, Jacques Donnay à la présidence du département à la place de Bernard Derosier, qui occupait précédemment le poste.

Cette perte aura des conséquences incalculables. Déstabilisé, l’ex-premier parti de France, n’est plus que l’ombre de lui-même. L’arrogance de ses leaders, les multiples scandales et un bilan national désastreux ont favorisé l’éclatement des votes. Comme aux régionales, ce sont les listes dissidentes, les petites listes, qui ont grappillé des petits points. Le maintien au deuxième tour des candidats FN ou écologistes n’a. pas permis au PS de limiter les dégâts. Il faut remarquer que certains candidats de droite, particulièrement à Roubaix, n’ont pas hésité à se désister en faveur de la gauche, lorsque le candidat FN pouvait avoir une chance de l’emporter. Il faut dire que, dans certains cas, cela devient une question de « survie ». Ainsi, B. Carton, à Roubaix, ne l’a emporté devant Gendron, l’ex-gendre de Le Pen, que grâce aux appels des centristes à voter contre le FN.

Ce vote sanction changera inévitablement la politique du département. Celui-ci, qui gère d’importants secteurs comme les écoles, l’aide sociale, le logement, la-culture, la voirie… devra revoir sa politique sous l’impulsion du RPR. H ne semble pas, pour l’instant, y avoir de chasse aux sorcières, mais il ne fait aucun doute que 50 ans de pouvoir ont favorisé un clientélisme au profit des élus socialistes. La droite menace déjà de faire quelques enquêtes sur de grosses associations subventionnées par le Conseil général. Peut-être est-ce le début de nouvelles affaires ?

José Da Costa
(gr. Humeurs Noires - Lille)