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éditorial du nº 1094

Le jeudi 2 octobre 1997.

Alors que certains thèmes sociaux tels l’immigration, le chômage, la protection sociale suscitent le débat politique… nous assistons à un parfait silence concernant la « sécurité ». Pourtant mi-septembre « Monsieur sécurité du PS », alias Bruno Leroux, député, a pondu à son supérieur hiérarchique Lionel Jospin un rapport des plus sécuritaires. En humaniste raffiné c’est bien un appel au flicage de proximité qu’il a concocté, cela au nom de « l’inégalité des Français face à la sécurité ». Et dire que la gauche appelle à combattre les idées du FN ! Chevènement, s’est déjà engagé à recruter 20 000 emplois-jeunes sécurité ainsi que 15 000 « agents de médiation » via les collectivités locales. Le triste sire Leroux veut faire mieux. Il se propose de rajouter 10 000 »flics en redéployant les effectifs actuels et souhaite 30 000 agents de médiation afin de surveiller écoles, bus, parcs, hôpitaux, immeubles, magasins… Bref, un véritable méga-Vigipirate pour notre quotidien. La justification de son délire il la fait en regard de la loi Pasqua sécurité votée en 1995 (non combattue par la gauche plurielle de l’époque et donc toujours en vigueur). D’après Bruno Leroux, cette loi avait défini « une doctrine d’emploi qui place la sécurité de proximité devant l’ordre public, mais les conséquences en termes d’organisation policière et d’affectation de moyens n’ont pas été tirées… » (Le Monde du 19/9/97).

Avec cette loi nous avons déjà eu droit à la construction de centaines de commissariats, aux polices municipale et privées accrues, à la multiplication des fouilles de véhicules, aux arrestations préventives de militants, à la vidéosurveillance, à l’utilisation des blindés par les préfets, à des dizaines de milliards dépensés pour mieux équiper la police, à l’installation quasi définitive du plan Vigipirate…

Cette liste non exhaustive fait froid dans le dos. Plus l’État a planifié la misère sociale, plus il s’est blindé, par peur de tensions sociales éventuelles.

Aux sociaux-démocrates donc de faire mieux que Charles Pasqua ! Ce renforcement de l’idéologie sécuritaire et les moyens supplémentaires mis à disposition de la police, cela par un gouvernement de gauche, montre bien que l’État est loin d’être une structure neutre pouvant aider à la libération des exploités ! D’autre part, cela correspond à une nouvelle étendue de précarisation chez les jeunes.

Gageons qu’avec celle-ci un potentiel de révolte grandira. A nous d’aider à le développer.