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Lens

Pas de Maison des Mineurs pour les anarchistes

une position autant surprenante qu’inadmissible
Le jeudi 9 décembre 1993.

À l’initiative d’un collectif très large intitulé « Germinal un autre regard », une journée de réflexion multimédia devait avoir lieu le samedi 11 décembre à la Maison syndicale du Mineur de Lens. Cette initiative aura bien lieu mais à la Salle Bourez, rue Cook à Lens.

Pourquoi ce déplacement ? Une seule réponse : une attitude peureuse du syndicat CGT des mineurs, qui a cru qu’il allait être débordé par cette initiative organisée conjointement par le Syndicat département de l’Éducation nationale CGT du Pas-de-Calais et le Centre culturel libertaire Benoît-Broutchoux de Lille. Ils ont eu peur de ne pas pouvoir contrôler la parole des anarchistes.

Certes les anarchistes, à l’initiative de cette campagne autour de Germinal, de Benoît Broutchoux et d’une façon différente de regarder le monde des mineurs que la caricature douce d’Émile Zola et la caricature dure de Berri, auraient pris la parole. Et alors ? Dans les invités, on remarquait (et on remarque toujours) Louisette Fareniaux de l’Université de Lille III, professeur de filmologie. Une dangereuse anarchiste, camarades. Jacques Coulardeau, enseignant, universitaire et chercheur, un des fondateurs de Radio Quinquin, la radio de la CGT, militant d’un syndicat de la fédération CGT du Spectacle. Un autre dangereux anarchiste, camarades.

Sur le fond, la position de Marcel Barrois et de ses camarades est inacceptable : c’est une remise en cause de la liberté d’expression tout court et de la liberté d’expression de camarades de la CGT. Nous, qui avons combattu de 1979 à 1986, avec la CGT et le Syndicat des Mineurs, et surtout les militants ouvriers mineurs ou non, pour ouvrir l’espace clos de la communication radiophonique à la voix pluraliste de la classe ouvrière, nous ne pouvons en aucune façon accepter cette position qui est contraire à notre principe le plus profond, à savoir que le débat est le seul outil que la classe ouvrière se doit d’employer pour élaborer et diffuser ses positions.

Maintenant que les dés sont jetés et que cette parole pluraliste sur la classe ouvrière devra se tenir dans une salle municipale de la ville de Lens, nous ne pouvons rien faire d’autre qu’entériner ce coup de force. Mais il s’agit bien d’un coup de force sectaire et rétrograde de camarades qui devraient se mettre un peu plus à l’écoute de la société et des travailleurs, pas seulement de certains travailleurs étroitement sélectionnés par un fonctionnement parfois un peu fermé sur lui-même, surtout depuis qu’il n’y a plus de mineurs en activité dans notre région.

Jacques Coulardeau (membre du Conseil syndical du Syndical national des auteurs et compositeurs)