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éditorial du nº 1096

Le jeudi 16 octobre 1997.

Si l’on rajoute le point de vue de Sami Nair aux onze intellectuels signataires d’un texte de soutien au projet Chevènement, Jospin n’a donc trouvé que douze apôtres pour prêcher les vertus de ses projets législatifs concernant l’immigration. Face au millier de signatures d’intellectuels et d’artistes appelant à une régularisation massive des sans-papiers, l’opération pro-gouvernementale est un fiasco ridicule. Cependant, n’étant pas des adeptes de la majorité pour définir la justesse d’une prise de position, c’est surtout au contenu du texte de ces « jospinistes » convaincus que nous nous attacherons. « Dans un contexte inquiétant, voire explosif, marqué par le voisinage d’un FN fort, avec près de sept millions de personnes concernées par le chômage, la demande de régularisation immédiate de tous les "sans-papiers relève de la provocation manipulatrice ou de la naïveté caritative ». Telle est donc l’argumentation de ces sinistres penseurs. Ils ramènent, au nom de la lucidité, l’argument pourri du FN : « Les immigrés sont responsables du chômage. Virons-les ! » Comme nous l’avons souvent dit dans notre journal, les propos fascisants n’émanent pas toujours de chez Le Pen.

Certains, à gauche, feraient bien de revoir leur antifascisme simpliste et électoraliste. Nos apôtres continuent dans l’abject. « Prôner en dernière analyse, l’ouverture totale des frontières, c’est là simplement inverser la formule lepéniste de leur totale fermeture. » Voilà une assimilation des « extrémismes » des plus perverses et écœurantes. Ces rats de la pensée, comme par hasard, n’ont jamais fait ce rapprochement concernant la liberté de circulation des capitaux ! Leurs propos ne font hélas que reprendre ceux de Jospin ou de Robert Hue. Pour l’un, son réalisme « permettra d’échapper aux pressions malsaines qu’exploite l’extrême droite », pour l’autre, « il est clair que tout le monde ne pourra être régularisé… » L’Union de la gauche, dernier rempart contre l’extrême droite ? Nous pouvons nous permettre d’en douter ! Au fait, Patrick Weil doit être content ! Lors du passage du texte sur les emplois-jeunes à l’Assemblée, un amendement a été voté permettant aux CES d’exercer un deuxième emploi en dehors de leur mi-temps. Lui qui souhaitait, en avril 1996, que les employeurs « aient intérêt à offrir des travaux à des chômeurs, à des jeunes, à des étudiants plutôt qu’à des illégaux »… le voilà comblé !