Le scandale continue. Trente-six familles étaient encore contraintes de passer la nuit devant la porte de l’hôpital désaffecté de Limeil-Brévannes environ dix jours après l’expulsion du camp de Vincennes. Une soixantaine de familles laissées sur le carreau ont erré, quant à elles, entre divers centres d’hébergement d’organismes caritatifs, dont le Centre catholique africain, 46, rue de Romainville dans le 19e. Les 31 familles de Romainville durent quitter le centre le dimanche 8 novembre. Elles se réunirent alors au CAIF, et entamèrent des tractations toute la journée avec le préfet de région, M. Sautter, qui ne voulait en reconnaître et en loger que 15.
À la fermeture du CAIF, à 23 h, les familles se sont donc retrouvées à nouveau dehors, et décidèrent l’occupation du hall de l’hôpital Saint-Antoine avec le comité de soutien. Journalistes, caméras, images proprettes… et pas d’intervention des forces de police le soir même. Par contre, le lendemain à 8 h : pas de journalistes, pas de caméras, mais 400 CRS, qui prirent d’assaut l’hôpital pour expulser à nouveau les sans-logis. Bilan : 4 blessés, comprenant 2 femmes, dont une enceinte, et pas d’images de télévision.
Les familles ne se démontèrent pas. À défaut du hall, le square faisant face à l’hôpital pouvait encore les accueillir ; ce qu’elles choisirent. Les tractations reprirent toute la journée du lundi 9. Et à 23 h, le préfet Sautter décidait de reloger toutes les familles dans des hôtels, ceci jusqu’à la fin de la semaine.
Le vendredi 13 novembre, ces familles ont participé au rassemblement qui s’est tenu devant l’Assemblée nationale. Le 14 au matin, une délégation a été reçue par Marie-Noélle Lienemann, ministre du Logement. Cela n’a pas empêché, ce même jour dans l’après-midi, un rassemblement à la Défense, fort de 200 personnes. Et pour le mercredi 18 novembre à 18 h, un sit-in était prévu devant l’Hôtel-de-Ville.
Il est remarquable qu’après toutes les attaques frontales et brutales du gouvernement et de la préfecture d’Ile-de-France, après l’éclatement du camp en région parisienne et toutes les tentatives de division des familles… celles-ci restent unies et solidaires dans la lutte et réussissent à surmonter le handicap de leur dispersion pour se coordonner.
Leur combat continue, car il ne se borne pas à l’exigence d’un « hébergement d’urgence » ! Elles refusent d’être infantilisées et traitées comme des parasites. Elles exigent toujours le relogement dans des conditions décentes des 237 familles qui, depuis six mois, ont entamé la lutte. Relogement qui, de surcroît, doit tenir compte de leur lieu de travail. Elles demandent toujours la réquisition des logements vides et le respect du droit au logement pour tous, Français comme immigrés.
Bertrand Dekoninck