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éditorial du nº 1097

Le jeudi 23 octobre 1997.

Jospin le rouge contre Gandois le blanc. Grand-messe et grand spectacle, la mascarade de la lutte de classes a eu, reconnaissons-le, un bon succès. Dans cette affaire, Jospin a manœuvré finement. Après plusieurs déclarations pro-patronales, il lâche une date butoir pour les 35 heures. L’État reviendrait enfin à son rôle de réparateur des injustices ! Cet effet, purement symbolique, a joué en sa faveur. Même le carcan dans lequel se jouera désormais le sort des salariés (l’annualisation du temps de travail, les salaires bloqués sur plusieurs années) a été oublié… Il faut dire que Gandois et son coup de gueule en ont rajouté sur l’effet « gauche » de la décision étatique. Rusés les patrons ! Tout d’abord, ils s’autogèrent vu la faiblesse actuelle de leurs relais politiciens à droite. Ensuite, en marquant Jospin « très à gauche », ils déstabilisent son image d’homme consensuel. Enfin, grâce à leurs cris de martyrs, ils pourront obtenir beaucoup plus lors des fameuses négociations. Car des négociateurs tueurs ça existe aussi et une mise en scène peut précéder une mise au pas ! Jospin a relancé une dynamique. Front syndical uni derrière lui, gauche plurielle euphorique le saluant comme un digne héritier du socialisme, bref un confort certain pour un certain temps… Les résultats encourageants pour la gauche le dimanche 12 octobre, lors des élections cantonales partielles en sont la preuve. De plus, les lois Chevènement-Guigou sur l’immigration, pourront passer plus facilement le mois prochain… A nous de prendre en considération cet aspect de la réalité politique. Ouvrons les yeux face aux promesses trompeuses de l’État, face au lâchage des directions syndicales et défendons nos intérêts nous-mêmes !