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La lettre du député

Jean-Pierre Pierre-Bloch un « social-démocrate » de choc

Le jeudi 22 avril 1993.

Non, ces bavures, cette explosion de violence policière n’étaient pas fortuites ! Nous vous faisions part dans le ML 910 de notre sentiment que la violence policière s’était vue libérée par l’arrivée de l’ex-dirigeant du SAC (service d’ordre gaulliste) au ministère de l’Intérieur. Sentiment confirmé, depuis, par les témoignages divers, recueillis auprès de personnes arrêtées durant les manifestations et matraquées, insultées par des flics enragés. Certaines phrases prononcées alors, comme : «  Nous sommes les chiens de Pasqua » (entre autres) sont claires.

Autre facteur de tension que nous dénoncions également : les contrôles d’identité au faciès (certains flics demandant directement la carte de séjour) accrus depuis plusieurs mois ainsi que les trois rafles dans le quartier de la Goutte-d’Or y ont été pour beaucoup. Ironie du sort, le nouveau député du coin, Jean-Pierre Pierre-Bloch (Parti social-démocrate - UDF) adressait le jour même du meurtre de Makomé un courrier à ses administrés débordant d’auto-satisfaction et de cynisme quant à l’efficacité de ces rafles. Jugez-en par vous-mêmes.
« Cher monsieur, à la veille des élections législatives, je vous avais écrit pour vous indiquer que j’avais bien pris connaissance de votre pétition signée à propos des nuisances créées par le "marché aux voleurs" [1]. Je m’étais personnellement engagé devant vous, si j’étais élu, à régler au plus vite ce grave problème, notamment, par une intervention constante des forces de police, seul moyen de stopper ces nuisances. […] Aujourd’hui, je pense que mon engagement a été tenu.

Comme vous l’avez vu ces jours derniers, par trois fois, les forces de police sont intervenues sur le site du "marché aux voleurs", et à chaque fois, plusieurs centaines d’interpellations ont été effectuées. Je souhaite vivement que ce quartier redevienne un endroit où la délinquance, la drogue, les trafics en tout genre, la prostitution ne soient plus votre univers quotidien.

Vous pouvez compter sur moi.

Jean-Pierre Pierre-Bloch »

Sans commentaire !

Bertrand Dekoninck (gr. Louise Michel - Paris)


[1Terme particulièrement employé dans la presse de droite (canards municipaux compris) pour désigner un endroit de la Goutte-d’Or où sont censés se dérouler des ventes à la sauvette et autres trafics, dont on ne nous précise jamais la teneur, mais dont on nous laisse bien entendre la gravité et les « nuisances ».