Alors que les militaires et les politiques glorifiaient la patrie et la barbarie guerrière en présence des derniers rescapés de la boucherie de 14-18, le Centre culturel libertaire Benoît-Broutchoux, le Collectif Thierry-la-Fraude et le groupe Humeurs Noires de la FA ont préféré manifester leur antimilitarisme à Lille, place Rihour, le 10 novembre dernier. 200 personnes se sont associées pour exprimer leur soutien aux déserteurs, mutins, insoumis et objecteurs de toutes les époques et de tous les pays. Ils entendaient également dénoncer la montée des nationalismes et la militarisation croissante de la société.
Cela n’eut pas l’heur de plaire aux autorités. Il faut dire que notre rassemblement joyeux et bruyant (à ce sujet, exprimons un grand merci au groupe Les Reprises de Têtes pour leur concert) se déroulait à quelques mètres du monument aux morts, tandis qu’allait débuter une commémoration officielle.
Au moment où les manifestants, assis et pacifiques, entonnaient Le Déserteur de Boris Vian, une cinquantaine de policiers les ont chargés et refoulés quelques mètres plus loin, sur la place du Général-de-Gaulle, avec une grande violence. De nombreuses personnes, à terre, se sont faites piétiner et matraquer par les forces de l’ordre. Puis, quelques minutes plus tard, alors que les manifestants protestaient vigoureusement contre ces violences, trois policiers se sont attaqués sans raison à un jeune, mineur, isolé à la périphérie du rassemblement. Ils l’ont entraîné, en le molestant, dans un car de police. Il fut gardé à vue 24 heures, accusé d’avoir frappé un policier, bien que de nombreux témoins peuvent attester du contraire.
Face à l’armée, à la police et à l’État, nous en appelons à la solidarité et réaffirmons plus que jamais la nécessité de lutter pour une société sans armée et sans police, fondée sur l’entraide, le refus de l’autorité, ainsi que sur l’égalité politique, sociale et économique.
Bertrand et Christophe (gr. Humeurs Noires - Lille)