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éditorial du nº 1103

Le jeudi 4 décembre 1997.

Vert comme le sapin, rouge comme ses boules, rose comme la douce lumière de ses bougies, notre Noël sera donc « pluriel ». Nos cadeaux arrivent déjà.

Dès l’an prochain, c’est promis, nous pourrons payer nos impôts en Euro. Cigarettes et essence seront bientôt décorées de prix plus dignes… Quant à nos charmants écoliers, ils recevront plusieurs livres de morale civique. Fée Ségolène se penche sur leurs cerveaux.

Même nos « citoyens » patrons ne sont pas oubliés. Ceux qui emploient moins de vingt salariés pourront « respirer » jusqu’en 2002 avant de subir la terrible loi des 35 heures… Ceux qui utilisent massivement le temps partiel continueront à bénéficier de l’abattement de 30 % de charges sociales, à la seule condition de fournir des contrats d’une durée minimale de 18 heures hebdomadaires et non de 16 heures comme aujourd’hui.

L’humble couple Robert Jospin et Lionel Hue nous gâte donc comme c’est pas permis ! Cette vie en rose serait parfaite s’il n’y avait pas ces « vandales » de banlieues. Ces petits « voyous » qui, aux quatre coins du pays, caillassent les transport en commun. Aux grands maux, les grands moyens : Jean-Marie Bockel, maire socialiste de Mulhouse, propose de « placer les familles des délinquants, dans le cas où elles bénéficient d’allocations familiales, sous tutelle ». Lui aussi au P.S., le maire de La Roche-sur-Yon, de surcroît responsable du Groupement des autorités responsables de transports, en appelle « aux gardiens de la paix civile qui doivent être remis au service de la République et des citoyens ». À ce rythme, Le Pen va bientôt passer pour un mollasson !

Côté syndicats, c’est soit le même discours sécuritaire, la C.F.D.T. Transports qui réclame des brigades de police spécialisées (aurait-elle oublié que, dernièrement, les C.R.S. ont brisé des barrages de routiers grévistes ?), soit dans le cas de F.O., un discours purement catégoriel sur la nécessité de créer des emplois pour renforcer les contrôles. Poletti veut, dans chaque bus, un chauffeur et un receveur… qui recevra les pierres ! On a beau chercher, on ne trouvera de leur part aucune réflexion sur le pourquoi de cette violence urbaine ni aucune proposition concernant la gratuité des transports.

La colère, concevable, des chauffeurs de bus, devrait pourtant être dirigée contre l’État, responsable de la misère sociale des ghettos, et non contre les déshérités qui y survivent dans le désespoir. Au jeu de la division, les exploités seront toujours les perdants.