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Solidarité avec Marie-Athée

Le jeudi 2 décembre 1999.

Le samedi 9 mars 1999, aux alentours de 17 heures, notre camarade Marie Athée, adhérente (du groupe Claaaaaash — Paris 11) se rend à la librairie du Monde libertaire pour y rencontrer des amis. À la sortie du métro, à la station République, elle prend la direction de la rue Amelot et s’engage sur le Boulevard Voltaire. Quelques mètres plus loin, elle voit un attroupement d’une dizaine de personnes sur le large trottoir du boulevard Voltaire. À peine arrive-t-elle à la hauteur du petit groupe, que celui-ci s’engouffre dans un magasin. L’un de ses membres dit à haute voix : « c’est pour les sans-papiers ». Intriguée par l’apostrophe, Marie-Athée, militante réputée dans le quartier pour son engagement antifasciste rentre elle aussi dans la petite agence de voyage.

Une coupable idéale…

Une fois à l’intérieur, les choses se précipitent, un grand gaillard ferme la porte, un autre dit « c’est pour les sans-papiers, on vous fera pas de mal ». À l’intérieur de la boutique, seul une secrétaire et un commercial sont présents. En l’espace de quelques secondes, deux ordinateurs et quelques dossiers sont renversés. Le groupe se rue alors vers la sortie. Dans la cohue, Marie-Athée est entraînée dehors. Le commercial de l’agence s’élance également dehors en hurlant « les meufs, j’vais les faire ». Il frappe dans les côtes une jeune femme présente dans la boutique. Celle-ci se tord de douleur mais s’enfuit en courant. Prise de peur, Marie-Athée s’enfuit elle aussi. Le commercial de l’agence la rattrape quelques mètres plus loin, la fait chuter au sol, et lui assène un coup de poing. Un groupe de CRS en civil stoppe le forcené et ramène Marie-Athée dans l’agence Carlson Wagon-lits Travel. La police arrivée sur les lieux, constate que notre camarade a des autocollants anarchistes dans son sac. Bref, la coupable idéale. La dizaine de personnes est loin depuis longtemps.

… Pour un scénario ubuesque

Le procureur de la République poursuit aujourd’hui notre camarade pour avoir détruit les ordinateurs de la société Carlson Wagon-lits Travel en réunion (c’est-à-dire en association). Marie-Athée est une militante connue depuis de nombreuses années sur la place parisienne pour sa morale humaniste, solidaire et pacifiste qu’elle a exprimée concrètement à maintes reprises (mouvement des chômeurs, grèves de novembre 1995). Ce sont ces valeurs qui l’ont conduit à franchir la porte de l’agence.

La justice reproche à une militante libertaire de faire partie d’un commando anti-Carlson Wagon-lits Travel capable de retourner une agence en quelques instants. Abhorrant une chevelure d’un rouge flamboyant (alors que certains individus ont enfilé une capuche dans l’agence), chaussées de sandalettes, son état de santé lui interdisant de porter un poids, et des performances à la course à pied purement anecdotiques n’empêchent pas la justice de la désigner tout naturellement comme la coupable idéale.

Sébastien Cherrier