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Golfe

Appel à marins volontaires !

Le jeudi 4 octobre 1990.

Crise du Golfe oblige, l’État a réquisitionné, la semaine dernière, des bateaux de la marine marchande assurant la desserte de la Corse pour embarquer des soldats et du matériel militaire.

Refusant de cautionner la politique guerrière du gouvernement, les marins du Syndicat des travailleurs corses (STC), ont alors refusé de partir. Stratégie revendicative peu banale, ils ont exigé aussitôt le versement d’une prime de 1 260 francs par jour… tout en sachant que la direction de la marine marchande refuserait de la verser. Demande faite, afin d’avoir un « motif syndical » (sic) permettant d’engager un conflit contre la réquisition des navires.

Prime refusée, ils négocièrent en contre-partie la mise en place d’une « clause de conscience », première du genre dans l’histoire de la marine, qui leur permit de « refuser l’embarquement tout en étant assurés d’éviter des représailles à l’avenir » comme le confirma Bernard Trojani, secrétaire général du STC.

On comprend mieux, maintenant, le comportement de la direction maritime, en acceptant cette clause. Celle-ci ne souhaitait aucunement voir gangrener son « corps expéditionnaire » par de tels agitateurs syndicaux.

Quant au versement d’une prime, il n’en était absolument pas question. L’État, d’ailleurs, ne devait pas être dupe de la stratégie du STC.

De son côté, la CGT, qui dans un même élan bloqua les navires affrêtés, accepta rapidement le compromis obtenu par leurs « camarades ». Mieux ! le « brillant » leader cégétiste, Moracchini, déclara, sans honte à la presse rassemblée pour l’occasion : « On nous a appris que les bateaux étaient réquisitionnés, donc on se conforme à la loi. Même si nous subissons en l’occurrence les choses, étant foncièrement pour la paix. Mais, et c’est important de le dire, nous partons sans demander un centime ! » Une manière peu élogieuse et quelque peu démagogique de se démarquer.

Fred Antoni