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Conchions le drapeau ! Sus à l’hymne !

Le jeudi 27 mars 2003.

En juillet 2002, suite à un match de foot entre deux nations dont l’histoire finira bien par oublier le nom (si les nationalistes n’ont pas tout détruit d’ici là), une tribu de députés a fait sous elle et nous a chié une proposition de loi qui voulait réprimer « les agissement de toute nature qui portent atteinte au respect dû au drapeau tricolore et à l’hymne national ». Ni une ni deux, d’autres sinistres individus s’empressent d’intégrer tout ça dans la non moins sinistre loi sur la sécurité quotidienne (loi nº 2003-239 du 18 mars 2003). Ça discute, ça s’empaille, ça s’embrouille, ça se conseil-constitutionnalise, pour finir par dire que « le fait, au cours d’une manifestation organisée ou réglementée par les autorités publiques, d’outrager publiquement l’hymne national ou le drapeau tricolore est puni de 7 500 euros d’amende ».

Allons bon, nous voilà bien. On pourra donc écrire : «  je chie sur ton drapeau pourri de merde » ou « ta Marseillaise, je la tringle dans les vestiaires » sans être foudroyé par l’hydre d’un quelconque défenseur de l’ordre public, puisqu’on se gardera bien de le faire au cours d’une manifestation organisée ou réglementée par les autorités publiques. La saisine (c’est un peu comme les religieux, ils ont des mots bizarres pour nous faire croire que leurs activités sont empreintes d’une solennité ridicule) des députés et des sénateurs nous précise que les usasiens ont le droit de cramer leur drapeau (pourri, donc ; quoique, méfions-nous, peut-on cracher dessus de ce côté de l’Atlantique ?) en public, que c’est le Turkménistan — pays qui « compte parmi les dictatures les plus féroces du moment », comme ils nous précisent — qui réprime durement l’outrage au drapeau et à l’hymne. Sans doute pensaient-ils émouvoir les neuf sages. Nenni.

Mesdames, Messieurs les députés, dictateurs de tous les pays, présidents, ministres, directeurs, chefs, actionnaires, les symboles de vos oppressions, on vous les laisse. Vous voulez qu’on les respecte ? on le fera pas. Vous voulez qu’en plus de subir vos caprices et vos délires, on vous dise merci ? on le fera pas plus. On crachera dessus, on les dénigrera, on les tournera en ridicule, vos symboles (pourris). Vous avez la force et la répression, nous avons l’humour et l’impertinence. Faites donc vos lois, vos règlements, vos guerres, imposez à tous vos petites volontés mesquines et putrides, jamais, ô grand jamais nous ne vous dirons merci.

Vous vivez dans l’image, dans le symbole, dans la contemplation de vos icônes absurdes. Quand toutes vos chimères auront disparu, quand le monde se sera libéré de vos folies, vous ferez quoi ? En tout cas, on ne se déguisera pas en clown blanc au nez rouge et tunique bleue pour vous consoler.

Sed