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éditorial du nº 1273

Le jeudi 21 mars 2002.

Quand Barcelone éternue, c’est l’Europe qui s’enrhume ! Ce slogan détourné restera cette fois-ci non vérifié. Nous ne rêvons certes pas systématiquement de plaies et de bosses, mais les sommets mondiaux ou européens nous avaient jusqu’à présent habitués à des confrontations violentes et à des combats de rues d’une rare efficacité… sur le plan médiatique.

Les opinions publiques et le petit monde militant n’ont retenu de Gênes que la mort de Carlo et les affrontements directement causés par une police provocatrice et un état de siège insupportable. Berlusconi le fasciste avait jeté son masque de play-boy. Cette fois-ci ce fut beaucoup plus soft. On se bornera à constater une fois encore que les lois faites par les États sont taillées pour les États. Ce n’est pas une nouveauté. Les accords de Schengen ont bien évidemment volé en éclats et les cars bloqués à la frontière espagnole illustrent s’il en était besoin la peur pour les démocraties parlementaires de toute contestation globale et radicale. Dès lors on s’habitue l’un à l’autre. Et si ces sommets européens ne pouvaient avoir lieu que si tous les acteurs étaient prêts. Un peu comme un rituel, comme deux vieux amants qui justifieraient la présence de l’un et de l’autre, comme deux vieux boxeurs habitués l’un à l’autre. Voilà un bien grand danger que justement prendre l’habitude de ces confrontations. Il y a même fort à parier que quelques militants du Parti socialiste étaient du voyage. La mondialisation capitaliste avance à grands pas. Mais la mondialisation des luttes semble rester un peu à la traîne. Petite devinette ? Dans quel État européen La Poste, ou son équivalent, a été privatisée, ainsi que les compagnies d’énergie ? Bien malin celui qui pourrait répondre spontanément. Les institutions ne se construisent décidément pas lors de ces sommets mondiaux mais bien dans le secret des conseils d’administrations. La World company est d’ores et déjà en ordre de marche et c’est à l’internationalisation des luttes qu’il nous faut nous atteler. La route est longue mais c’est désormais une question de survie.

Il ne restait plus aux manifestants de Barcelone qu’à prendre d’assaut le Central
téléphonique. Il manquerait plus que ça…