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éditorial du nº 1264

Le jeudi 17 janvier 2002.

Et l’euro est arrivé… L’idée était plutôt bonne, ayons l’élégance de le reconnaitre. Tout ce qui peut faire en sorte que les frontières soient de moins en moins étanches, c’est toujours du bon à prendre.

L’inconvénient sur ce coup-là, c’est que l’émergence de cette nouvelle monnaie n’est pas issue des luttes sociales mais des ministères des Finances des principales puissances européennes. On a donc tout à craindre. Rien de bien neuf que de constater que l’économie est au service des patrons, la monnaie et ses mécanismes complexes également, sans parler des sinistres yuppies aux costards anthracites, ces spéculateurs sans scrupules qui ne valent finalement que le cout de la corde qui servira à les pendre, et encore.

Les comportements les plus cyniques ont été particulièrement nombreux et particulièrement remarqués ces derniers temps. On nous l’avait promis, nos nouveaux sous tout neufs ne pouvaient en aucun cas générer d’inflation : autant prendre les banques pour des bureaux de bienfaisance ou les petits commerçants de détail pour des humanistes. On allait voir ce qu’on allait voir. Et on voit bien. Tripatouillages des arrondis, mise à niveau des tarifs, pensez donc, on n’y avait pas touché depuis au moins deux ans, toutes ces pratiques mises bout à bout et dont en fin de compte ceux qui sont au bout du circuit de la consommation en feront les frais : consommateurs chômeurs ou salariés, retraités, toute la sainte litanie, tous ceux qui font que l’euro circule et que l’économie fonctionne. Il y a fort à parier que les principaux indices servant au calcul des augmentations de prix ne vont pas ou peu bouger. Les observateurs sont suffisamment malins pour surveiller particulièrement les prix de ces articles ou services servant au calcul de l’indice officiel. Quand on sait que c’est ce chiffre qui intervient dans le calcul du SMIC et du RMI, on est imméfiatement rassurés sur la bonne santé des pauvres.

Alors en attendant la disparition de la monnaie, il nous reste encore bien de l’ouvrage.