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Alphonse Tricheux

décembre 1957.

La nouvelle nous parvient, émouvante et simple comme le fut toute l’existence de celui qui nous quitte.

Tricheux appartient, par sa vie toute entière, à l’idéal qui nous est cher et à la cause pour laquelle nous luttons. En effet, sous quel aspect que l’on puisse concidérer l’anarchie, Tricheux fut anarchiste.

Il ne fut pas seulement celui dont la porte et la table étaient ouvertes à tous, il ne fut pas seulement le compagnon secourable à toutes les infortunes, il fut aussi celui qui, à Toulouse, avec quelques camarades décidés, faisait fuir sous les grenades la police chargée de la réception de Primo de Rivéra. Il fut celui qui, aux premiers cris de la Révolution espagnole, mettait les clés sous la porte et franchissait la frontière pour partager le destin d’un peuple qui secouait ses chaines. Il fut celui qui, durant la tourmente 1939-1940, prêta sa demeure au congrès anarchiste clandestin où nous retrouvions avec Volace, Arru, Noël et quelques autres.

La fin de la guerre le voit encore sur la brêche ; avec sa digne compagne, il reconstitue le groupe de Toulouse, l’un des plus dynamiques de France (N’était-ce pas celui qui diffusait le plus largement notre presse). Seuls, l’âge et la maladie ont écartés Tricheux de la lutte et aujourd’hui il meurt en prononçant les paroles qui furent celles de son passé en évoquant les combats tant contre le fléau social que contre l’ignorance de l’humanité.

À Paule sa compagne, à son fils, aux siens et à tous ceux qui sont les siens par la pensée et par le cœur, Le Monde libertaire apporte ici ses condoléances et la marque de sa reconnaissance pour notre cher compagnon.

Maurice Laisant