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Un Militant syndicaliste

Chenard
janvier 1961.

Décès de Raoul Chenard.



Notre ami, notre grand ami Chenard n’est plus. Nous l’avions vu à la sépulture de Charles d’Avray, il y a à peine quelques jours ; et rien ne faisait présager un fin si rapide.

Chenard fut, de tous temps, un militant syndicaliste sincère et désintéressé. Il a été de ceux qui, après la grande tourmente, militèrent ardemment au sein de la minorité syndicaliste, pour le redressement de la CGT dont les dirigeants avaient abandonné les résolutions des congrès antérieurs et la lutte des classes. Il prit part à la grève des cheminots de 1920 qui eut un grand retentissement. Il était parmi les minoritaires du congrès de Lille en 1921, et la même année, en décembre, participe au congrès unitaire, qui verra la naissance de la CGTU qui, dès le départ, est une force révolutionnaire et fidèle à la Charte d’Amiens, votée au congrès d’Amiens en 1906 et qui avait défini la doctrine du syndicalisme. La disparition du salariat par la prise des moyens de production et d’échange, qui fut celle de la Charte d’Amiens. Un organe officiel, Le Combat syndicaliste, de la CGTSR fit son apparition. Chenard eut la lourde tâche, la charge de la « Voix de province » avec mission des relations avec la province, syndicats, UD, leur activité, grèves, etc. Il s’y emploie avec tact, intelligence. Son activité est bienfaisante puisqu’au 3e congrès tenu à Paris en 1931, on voit le plus grand nombre de syndicats réalisés jusqu’à ce jour. Congrès d’une haute tenue où de nombreux rapports y furent discutés et adoptés. Chenard n’était pas l’orateur qui aimait à prendre la parole sans avoir murement réfléchi le sujet. Toutes ses interventions étaient acceptées, et peu souvent combattues.

Il a été un grand animateur de cette centrale qui aurait pu être le ralliement des pro-syndicalistes de ce pays, et doter la classe ouvrière d’une puissance féconde pour la défense de ses intérâts immédiats, et pour sa totale libération. Nous saluons ce militant valeureux, qui prend rang parmi les apôtres d’un idéal qui, jusqu’à la dernière limite, fut le sien. Puissent les syndicalistes continuer l’œuvre pour laquelle il voua son existence.

Justin Olive