Accueil > Archives > 2001 (nº 1226 à 1262) > 1254 (18-24 oct. 2001) > [Nous refusons vos guerres sanglantes]

Nous refusons vos guerres sanglantes

à bas tous les terrorismes et le terrorisme d’État !
Le jeudi 18 octobre 2001.

Suite aux attaques terroristes du 11 septembre dernier, plus de 6 000 personnes sont mortes ou portées disparues. Nous, anarchistes, tenons à exprimer, comme la majorité des gens, notre profonde peine et notre incrédulité face à cette dévastation qui a frappé New York, Washington et la campagne pennsylvanienne. Il va sans dire que nous sommes contre l’usage délibéré d’une violence arbitraire, sans discernement, dans le but d’atteindre des fins politiques. Les activités terroristes vont à l’encontre de notre vision radicale des changements sociaux.

Bien que les cibles de ces attaques soient des symboles majeurs de la globalisation capitaliste (le World Trade Center) et du militarisme états-unien (le Pentagone), la majorité des victimes n’en était pas moins de simples salarié(e)s ordinaires, ce qui rend ces atrocités indéfendables. Nos cœurs sont avec les familles et les ami(e)s de ces victimes.

Le terrorisme religieux, capitaliste et étatique

Les États-Unis ont promis une « guerre prolongée contre le terrorisme », mais nous ne nous laisserons pas abuser. Comme anarchistes, nous sommes opposés au terrorisme sous toutes ses formes et ne faisons pas de distinction entre la terreur utilisée par des extrémistes religieux, des exploiteurs capitalistes ou l’État.

Le terrorisme des extrémistes religieux représente une menace très réelle dans le monde d’aujourd’hui : on le voit avec les attentats à la bombe des fondamentalistes chrétien(ne)s d’extrême droite contre des cliniques d’avortement, avec les massacres de Palestinien(ne)s par des colons juifs ultra-orthodoxes et avec ces récentes attaques sur la côte est des États-Unis (attribués, à tort ou à raison, aux intégristes islamiques). Il s’agit là, bien sûr, d’actes inexcusables posés par des fanatiques religieux pour créer des bains de sang et installer la peur au sein de la population. Cependant, ce type de terrorisme est souvent surpassé dans l’horreur par celui, encore plus violent et destructif, propre à l’État et au capitalisme.

La philosophie capitaliste, qui prône « le profit avant les gens », a une longue et sanglante histoire dont résultent tant la richesse obscène d’une infime minorité que la souffrance et la mort d’une grande partie de la population mondiale. Des premières racines de l’esclavage et du colonialisme jusqu’à la dernière phase de globalisation de ce système économique, le capitalisme a toujours utilisé le terrorisme d’État pour asseoir violemment sa domination.

En tant qu’État capitaliste le plus puissant (politiquement, économiquement et militairement), les États-Unis ont été les principaux instigateurs de plusieurs campagnes de dévastations terroristes. Des bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki au bombardement plus récent de la compagnie pharmaceutique Al Shifa au Soudan ; de l’installation de dictatures en Amérique latine à l’aide financière aux régimes meurtriers d’Israël, de Turquie, de Colombie et d’ailleurs ; du bombardement massif d’une place de marché grouillante de monde en Yougoslavie aux sanctions économiques toujours en vigueur contre l’Irak qui ont causé jusqu’ici la mort de plus de 500 000 enfants ; et maintenant, avec une nouvelle « guerre au terrorisme », nous pouvons nous attendre à voir s’écrire un nouveau chapitre de ce triste héritage.

Ces événements ne sont pas des exceptions historiques, ils sont les composantes nécessaires au maintien de la domination politique et économique d’un puissant État capitaliste.

Nationalisme et racisme ennemis des classes populaires

Pendant que le soutien populaire aux réactions belliqueuses du gouvernement états-unien se nourrit des récentes attaques terroristes, nous assistons à une nouvelle montée d’agressions racistes comme chaque fois que le nationalisme relève sa monstrueuse tête. Traditionnellement, le nationalisme est exalté par la classe dirigeante qui utilise le racisme, le patriotisme et la religion comme moyens pour que les classes populaires s’identifient à l’État et ses valeurs. La peur et l’impuissance ressenties au lendemain des attaques ont été canalisées dans un patriotisme aveugle et un racisme qui ne servent que les intérêts de la classe dirigeante. La flambée de violence contre les Arabes, les musulman(e)s et toute personne ayant ne serait-ce qu’un semblant d’origine moyen-orientale sera exploitée pour renforcer l’effort de guerre à l’étranger et garder les classes populaires divisées au pays.

En tant qu’anarchistes, nous assurons de notre pleine solidarité ceux et celles qui sont actuellement victimes d’attaques racistes et, si nécessaire, nous prendrons activement part à la défense de ces communautés (dans le respect de leur autonomie). Nous ferons aussi, comme toujours, la promotion de l’antiracisme et de la solidarité internationale des classes populaires qui demeurent nos meilleures armes contre la violence des dirigeants et de leurs guerres.

Pas de guerre entre les nations pas de paix entre les classes

Nous ne voyons pas l’actuel effort de guerre comme une volonté de s’opposer au terrorisme mais plutôt comme une guerre contre l’humanité. Avec le support unanime des classes dirigeantes occidentales et la complicité des médias, le gouvernement états-unien est prêt à envahir plusieurs pays, à multiplier les destructions et les atrocités sans nom dans un conflit aux multiples fronts contre un ennemi invisible et inconnu… Comme toutes les guerres menées par l’État, il s’agit en fait d’une guerre de pouvoir. Les États-Unis ne sont pas prêts à combattre les vraies causes dans lesquelles s’enracine le terrorisme, ce qui nécessiterait des changements fondamentaux dans leur propre politique étrangère. Ils veulent plutôt consolider leur position de puissance dominante du monde.

Les pertes humaines tragiques engendrées par les récentes attaques terroristes seront bientôt utilisées comme justification pour couper dans l’éducation, l’habitation, la santé et bien d’autres programmes sociaux, cela pour engraisser un budget militaire déjà glouton. Le niveau de répression social s’accroîtra pour l’ensemble de la population et les libertés civiles s’échangeront contre un faux sentiment de sécurité et de justice. Enfin, la fierté nationale et le patriotisme seront utilisés pour envoyer les jeunes des milieux populaires servir de chair à canon pour mieux renforcer la domination impérialiste états-unienne.

Les anarchistes, comme tous les mouvements progressistes, doivent s’opposer à cette agression militaire comme nous nous opposerions à n’importe quelle autre. Ce n’est que par une lutte active contre toutes les formes de terrorisme, qu’ils soient religieux, capitalistes ou étatiques, que nous arriverons à mettre fin une fois pour toutes à ce cycle de violence.

Même dans la tragédie où il y a de la vie, il y a de l’espoir…

Dans l’épouvantable drame de ce mardi 11 septembre, nous apercevons malgré tout quelques graines d’espoir laissant envisager un avenir moins pourri. Des milliers de gens ordinaires ont envahi les rues pour aider aux efforts de secours, risquant souvent leur propre sécurité. Les cliniques de don de sang ont été remplies à pleine capacité. La bouffe, les vêtements et l’hébergement ont été offerts gratuitement aux survivant(e)s et aux secouristes par un réseau complètement spontané et auto-organisé d’aide mutuelle et de solidarité. C’est dans ces gestes désintéressés que nous voyons des graines d’espoir… L’espoir d’une société future autogérée, égalitaire, sans classe ni État, une société libérée de toute forme de hiérarchie et de domination. Un futur communiste libertaire est possible !

Fédération des communistes libertaires du Nord-Est (NEFAC)
Canada